Petroplus : "où est Nicolas Sarkozy ?", demande François Hollande
Le candidat PS à l'élection présidentielle, François Hollande, a demandé à l'État de prendre ses responsabilités pour trouver une solution aux difficultés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, dans laquelle il s'est rendu jeudi 5 décembre.
"Où est l'Etat, où est le gouvernement, où est le président de la République", a déclaré François Hollande jeudi lors d'une visite sur le site de Petroplus, près de Rouen, à l'invitation de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC, en compagnie de Laurent Fabius, député PS de la région.
Au lendemain de son meeting de Mérignac, près de Bordeaux, le candidat à la présidentielle a lancé aux salariés de la raffinerie : "vous défendez bien plus que votre emploi aujourd'hui, vous défendez une industrie nationale".
M. Hollande a demandé que l'Etat se mette en situation de "rechercher" un repreneur si Petroplus devait être défaillant. Le candidat en a appelé aussi à l'Europe "pour qu'elle nous mette dans les mêmes conditions de concurrence que les produits qui sont importés" et pose des "règles" notamment sur le plan des normes environnementales, moins contraignantes dans les pays émergents.
La question de la "désindustrialisation"
L'intersyndicale avait invité tous les candidats à l'élection présidentielle, à l'exception de Marine Le Pen (Front national), à venir s'exprimer devant les salariés. Elle estime que les difficultés du site sont une "bonne illustration" de la question de la "désindustrialisation", au coeur de la campagne.
Après le candidat socialiste, ce sera au tour d'Hervé Morin (Nouveau Centre) et Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) d'y faire un passage vendredi 6 janvier. Puis dix jours plus tard, la candidate de Lutte Ouvrière Nathalie Arthaud rendra visite aux quelques 550 salariés de la raffinerie.
Les deux premiers candidats à avoir fait le voyage de Petit-Couronne ont été, le 2 décembre, le candidat du NPA, Philippe Poutou, qui a défendu devant les salariés la création d'un "grand service public de l'énergie" et Nicolas Dupont-Aignan, candidat soutenu par Debout la République, qui quelques jours plus tard, a plaidé en faveur d'un "protectionnisme intelligent".
Chronique d'une fin annoncée
Les difficultés de Petroplus illustrent une nouvelle fois la crise qui secoue depuis des années le secteur du raffinage français et européen. Le recul de la consommation de produits pétroliers sur le Vieux continent est une réalité qui a plusieurs conséquences.
D'abord, la fonte des marges des opérateurs. "Le raffinage français a perdu 800 à 900 millions d'euros en 2009, et devrait en perdre autant en 2011", souligne ainsi Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières.
Mais les effets se font aussi cruellement sentir en termes d'emploi car les groupes pétroliers réduisent leur activité en cédant ou fermant des installations. La France ne compte ainsi plus que d'une dizaine de raffineries, dont deux en sursis : celle de Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône) et celle de Petit-Couronne, mise à l'arrêt lundi par le groupe suisse Petroplus à cause de ses problèmes de liquidités.
Fin décembre, les banques ont en effet gelé la ligne de crédit d'un milliard de dollars qui servait au groupe pétrolier pour acheter du brut.
La rencontre prévu jeudi 5 janvier entre le PDG de Petroplus et le premier ministre antouré des ministres de l'Economie, François Baroin, et de l'Industrie, Eric Besson, sonne donc comme le rendez-vous de la dernière chance.
Reportage de Thiphaine de Tricornot sur France 2 (13h) le 5 janvier 2011
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.