Cet article date de plus de deux ans.

Permanences mobiles, blogs, questions sur Messenger : cinq ans après la loi de moralisation de la vie publique, des députés tentent de renouer avec les citoyens

Depuis la promulgation il y a cinq ans jour pour jour de la loi de moralisation de la vie publique, destinée à regagner la confiance des citoyens notamment après l'affaire Penelope Fillon, les parlementaires inventent leurs propres règles pour restaurer, chacun à leur manière, le lien avec les Français.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le député écologiste Charles Fournier. (VICTORIA KOUSSA / RADIO FRANCE)

Suppression de la réserve parlementaire, interdiction d'employer un membre de sa famille... : il y a cinq ans jour pour jour, le 15 septembre 2017, était promulguée la loi de moralisation de la vie publique pour regagner la confiance des Français, notamment après l'affaire Penelope Fillon. Depuis, les députés inventent leurs propres règles pour renouer avec les citoyens.

Ainsi, dans son bureau en face du Palais-Bourbon, loin de sa circonscription d'Indre et Loire, l'écologiste Charles Fournier écrit les premiers articles de son blog. "Dans cette page-là, par exemple, j'explique où on mange à l'Assemblée nationale, qu'il y a deux restaurants, un self : cela peut faire taire certains fantasmes, explique-t-il. Et surtout, cela a une vocation pédagogique." "Vous pouvez vite prendre l'habitude, en voyant tout le monde prendre des taxis pour faire parfois un kilomètre, de faire pareil. Il faut résister à cela !", insiste Charles Fournier.

Tournée citoyenne, maraude et sortie de discothèque

Lui veut associer les habitants avec un parlement de circonscription, ce qu'il appelle une tournée citoyenne : au programme, petit-déjeuner le matin avec des salariés, maraudes et sorties de boîte de nuit le soir. Il copie aussi les questions au gouvernement. "J'ai eu une heure et demie de questions que j'appelle maintenant les QAD, les questions aux députés, et c'était passionnant !", se souvient le député.

"Je n'avais rien préparé, et on me posait des questions sur tout : tant sur ma vie pratique que sur du fond politique. Ce lien direct, sans filtre, est franchement fondamental et je ne pourrais pas être élu sans cela."

Charles Fournier, député EELV

à franceinfo

Un mandat à l'horizontale, donc, pour être le plus accessible possible. C'est aussi la philosophie du député Les Républicains Thibaut Bazin, qui vient d'être réélu. "Dans le modèle ancien, indique-t-il, on devait écrire une lettre à son député, parfois manuscrite, pour prendre contact. Si certains préfèrent m'envoyer un message sur Messenger, un mail ou venir me voir, je m'adapte ! Ce n'est pas aux gens de s'adapter à moi, c'est à moi de m'adapter aux gens."

Une permanence mobile dans un camping-car

Son collègue LR à l'Assemblée, Antoine Vermorel-Marquès, a fait même le choix de ne pas avoir de permanence : "Notre bureau va être mobile dans un camping-car pour aider à la proximité des gens et pour avoir un échange avec eux qui soit très régulier, tous les jours dans une commune différente, à la rencontre des habitants et qui pourra inspirer aussi mon travail parlementaire au-delà des lobbies et des groupes d'intérêts." 

Justement, parmi ces députés qui tentent de renouer avec les citoyens, certains veulent déconstruire l'image du parlementaire à la botte des lobbies. C'est le cas d'Erwan Balanant, du MoDem, qui source tous ses textes.

"Je ne dépose jamais d'amendements préparés par un représentant d'intérêts, quels qu'ils soient. Tous les ans, dans le PLF, certains sont envoyés tout prêts et il n'y a qu'à cliquer : je ne le fais pas."

Erwan Balanant, député MoDem

à franceinfo

Et si un doute subsiste sur le financement de tel ou tel projet, un déontologue se tient disponible à l'Assemblée nationale pour trancher.

Cinq ans après la loi de moralisation de la vie publique, des députés tentent de renouer avec les citoyens - le reportage de Victoria Koussa

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.