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Séances à répétition, horaires de nuit, amendements par centaines... Fatigués, les députés sont tentés par une réduction de leur temps de travail

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet réunit les présidents de groupe mardi 29 novembre pour évoquer la question. 

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les députés siègent à l'Assemblée nationale, le 24 novembre 2022. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les députés vont-ils travailler un peu moins ? Depuis la rentrée parlementaire qui a suivi les élections législatives, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale, les députés siègent davantage. Un rythme intense, pas forcément facile à concilier avec le travail en circonscription.

>> Au lendemain d'une journée houleuse dans l'hémicycle, la présidente de l'Assemblée nationale déplore "l'obstruction" parlementaire

L'hypothèse d'une baisse de la charge de travail est pour une fois presque consensuelle au Palais-Bourbon. Aucun député ne reconnaîtra la moindre fatigue devant un micro – il n'est pas question de faire mauvais genre – mais "ça tire" confient beaucoup d'entre eux. Désormais chaque voix compte, avec l'absence de majorité. Les députés doivent être le plus souvent possible dans l'hémicycle, parfois jusqu'au milieu de la nuit et de manière aberrante pour Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe Rassemblement national : "Quand on décide de faire une séance de nuit, qu'on nous dit : 'On discute de la loi, mais vous ne défendez plus les amendements', et qu'en fait se déroule une procédure qui n'a pas de sens, ça n'a aucun intérêt pour la démocratie."

Dans les rangs du MoDem, le député Erwan Balanant est sur la même ligne.

"Finir à des heures raisonnables pour avoir de l'énergie pour le lendemain, je pense que ce serait plutôt une bonne pratique. En réalité, il faudrait travailler comme les gens travaillent dans les entreprises."

Erwan Balanant, député MoDem du Finistère

à franceinfo

Le député propose par exemple de finir les séances au maximum à 21 heures, quand d'autres veulent sanctuariser au moins deux soirées par semaine.

Un risque de décalage avec les efforts demandé aux Français ?

C'est en quelque sorte le concours Lépine de la bonne idée de réforme. À Renaissance, on propose aussi que les élus siègent deux semaines, avant de passer une semaine dans leur circonscription. L'ex-socialiste David Habib, qui siège au Palais-Bourbon depuis 20 ans, a aussi son idée : elle concerne les très médiatisées questions au gouvernement, le mardi après-midi. "Cela ne fonctionne pas, parce que deux heures, c'est trop long, estime le député. Au bout d'une heure, vous n'avez plus personne dans l'hémicycle. Il n'y a plus que le gouvernement et celles et ceux qui vont poser des questions."

L'objectif : gagner du temps pour examiner les textes, ménager aussi les députés. Voilà pourquoi la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a mis le sujet sur la table, face, selon son entourage, à l'inflation généralisée du nombre de jours de séances, d'horaires, d'amendements. Mais il faudra l'unanimité parmi les groupes politiques. "Je ne suis pas d'accord avec un discours geignard des députés", tranche Raquel Garrido, députée insoumise, qui considère que le rythme actuel est très bien tel qu'il est.

"On a été mis ici pour quelque chose, pour mener des combats. Je trouve que le cadre institutionnel actuel permet qu'il y ait vraiment du jeu. Ce qu'on fait peut avoir des effets et c'est très bien."

Raquel Garrido, députée LFI de Saine-Saint-Denis

à franceinfo

Il y a également un risque, pointé par l'élue de Seine-Saint-Denis : créer un décalage entre les Français appelés à travailler davantage, au moment où les députés donneraient l'impression de réduire leur temps de travail.

Soumis à un rythme soutenu, les députés fatiguent - Le reportage d'Hadrien Bect

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