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Réforme des retraites : accusée d'obstruction, la Nupes dit vouloir "passer à la suite"

Les incidents provoqués par des élus de La France insoumise exaspèrent une partie de la Nupes : derrière une façade unie, la gauche est encore divisée sur la marche à suivre pour accélerer les débats.
Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa et Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des députés applaudissent le communiste André Chassaigne quand il condamne les propos d'Aurélien Saintoul, à l'Assemblée nationale  (LUDOVIC MARIN / AFP)

Un nouveau dérapage de La France insoumise qui embarrasse la Nupes : après Thomas Portes, exclu 15 jours de l'Assemblée nationale pour avoir posé le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du travail Olivier Dussopt, un autre député insoumis, Aurélien Saintoul, s'en est pris lundi 13 février au même ministre, le qualifiant dans l'hémicycle d'"assassin". Il s'est ensuite excusé, mais pour la gauche, le mal est fait. 

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En plus d'Élisabeth Borne qui réclame, comme les syndicats, la fin des "invectives", la gauche s'exaspère de ses propres partenaires. Un député socialiste a même quitté l'hémicycle après ce nouvel incident. Il confie à franceinfo ne plus en pouvoir de "l'outrance des insoumis". Preuve d'après lui qu'ils "n'ont plus le droit à l'erreur" : cette réaction immédiate des patrons des groupes communiste écologiste et socialiste qui se sont désolidarisés dans l'hémicycle de leur collègue insoumis. L'agacement ne s'est pas exprimé loin des micros, mais au beau milieu de l'hémicycle, en particulier par le communiste André Chassaigne : "Je me sens blessé même humilié". "Il faut ici défendre avec conviction, avec passion, parfois avec colère ce à quoi l'on croit, mais jamais avec des mots qui peuvent blesser", a condamné le socialiste Boris Vallaud, suivi par l'écologiste Cyrielle Chatelain : "Ce n'est pas une expression qu'on peut utiliser. Ici, aucun de nous n'est un assassin."

"Une bêtise"  

Un autre socialiste veut dissocier ces "quelques énergumènes actifs et contre-productifs" des autres insoumis. Cette insulte, "c'était objectivement une bêtise", ajoute un député du groupe écologiste, "mais Aurélien Saintoul s'est excusé", contrairement à Thomas Portes. Et d'après lui, "si on prend deux siècles de compte-rendu de l'Assemblée, on trouvera des choses bien pires".

Pourtant, la Nupes avait expressément demandé lundi matin de la retenue à LFI avant la reprise des débats. Mais le message n'a visiblement pas été reçu par tout le monde et a été répété mardi matin en réunion intergroupe. Aurélien Saintoul a été sanctionné : un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal. Le député sera privé du quart de son indemnité pendant un mois. Il s'agit du deuxième niveau de sanction sur une échelle qui en compte quatre. 

Accélérer les débats 

LFI, isolée, touche les limites d'une stratégie de guérilla parlementaire. Dans la salle des Quatre-Colonnes, la Nupes est venue en nombre annoncer le retrait d'un millier d'amendements, avec l’écologiste Sandrine Rousseau, l’Insoumis Manuel Bompard ou encore le socialiste Boris Vallaud. "Nous voulons aller sur les propositions alternatives de financement. Nous avons autre chose à proposer que l'impôt sur la vie", plaide ce dernier, soucieux de "passer à la suite".  Il reste malgré tout plus de 14 000 amendements à examiner avant vendredi minuit.

Une obstruction "amovible" : socialistes, écologistes, communistes ont convaincu les insoumis de retirer des amendements. Les syndicats aussi, CGT, CFDT, demandent que les débats aient lieu. C'est aussi l'avis de certains LFI comme François Ruffin. "Le choix d'avoir des milliers d'amendements est utile, puisque ça nous permet de gérer le calendrier", dit-il. 

Prochaine étape, l'article 7, le cœur du texte, celui qui fixe l’âge de départ à 64 ans. La gauche veut l'examiner. "Oui, oui, on est tous d'accord", assure Sandrine Rousseau, optimiste, salle des Quatre-Colonnes, alors que le patron des insoumis Manuel Bompard était déjà reparti. Signe que chez LFI, le sujet n'est pas encore tranché entre ceux qui veulent aller jusqu’à cet article et les autres qui craignent que cette mesure phare soit votée, au risque de donner une victoire au gouvernement.

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