Reportage "Macron joue la stratégie de la terre brûlée" : militants et cadres de La France insoumise stupéfaits de l'annonce de la dissolution
Emmanuel Macron a pris le monde politique de court. Le président de la République a décidé dimanche 9 juin, la dissolution de l'Assemblée nationale alors que le Rassemblement national a rassemblé plus de 30% des voix aux élections européennes. Cette annonce du président a provoqué la stupeur chez les sympathisants insoumis présents lors de la soirée électorale de Manon Aubry à Paris.
À peine le temps de se remettre de la révélation du bon score de Manon Aubry, Emmanuel Macron apparaît sur l'écran géant de la soirée électorale de La France insoumise : "J'ai décidé de vous laisser le choix de notre avenir parlementaire…" Les émotions se mélangent chez les militants et sympathisants LFI : effarement, joie, inquiétude… Mais surtout l'envie de se jeter tout de suite dans la bataille des législatives. "On est prêts, on est prêts", scande la foule. Mais tout le monde n'est pas aussi euphorique à l'idée de cette dissolution. Stéphane a le visage soucieux : "On est mis face au risque d'un gouvernement RN. C'est vraiment Macron qui joue la stratégie de la terre brûlée et on ne peut pas se le permettre."
"La gauche doit s'unir"
De nombreux militants craignent, en effet, une cohabitation avec Jordan Bardella comme Premier ministre d'Emmanuel Macron. Pour Souleyman, la gauche peut réussir à empêcher ça, à une condition : "La gauche doit s'unir. Je pense que la Nupes n'est pas morte." Les militants LFI espèrent que tous les dirigeants de gauche, sans exception, réussiront à mettre leur ego de côté pour faire front commun contre l'extrême droite.
Même stupéfaction chez les cadres du parti. La France insoumise pensait fêter tranquillement le bon score de Manon Aubry mais la soirée prend vite une tournure plus grave. Jean-Luc Mélenchon est contraint de se jeter dans la bataille des législatives : "Nous sommes dans un moment d'histoire. L'histoire de notre pays vient de franchir un seuil." Une question sur toutes les lèvres : la Nupes peut-elle renaître de ses cendres pour faire barrage à l'extrême droite ? L'union oui, mais pas à n'importe quel prix : "Il ne suffit pas de bêler en cadence 'Union, union, unité ! Ah je pleure, j'ai peur !' Sur quelle base ? Pour quoi faire ?"
"Monsieur Macron obéit à Bardella"
Les députés insoumis sont sur la même ligne. Certains sont encore sonnés par cette annonce d'Emmanuel Macron. Pour Antoine Léaument, député de l'Essonne, le président commet une faute grave avec cette dissolution de l'Assemblée nationale : "Monsieur Bardella a demandé une dissolution si jamais il faisait un bon score et les Macronistes un mauvais : Monsieur Macron obéit à Bardella."
Son collègue Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis, estime que le président n'avait pas le choix : "Il n'a plus aucune légitimité pour nous imposer sa politique ultralibérale et antisociale." Tous les élus insoumis l'assurent, ils seront dès lundi en campagne avec comme objectif d'infliger une double défaite à Emmanuel Macron et au Rassemblement national.
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