Cet article date de plus de quatorze ans.

P. Devedjian et A. Madelin vont poursuivre en diffamation l'eurodéputé PS pour des propos que celui-ci a tenus jeudi

Lors d'un débat télévisé au cours duquel a été évoqué l'affaire Ali Soumaré (candidat PS aux régionales dans le Val-d'Oise), Vincent Peillon a évoqué un fait divers qui avait valu au ministre une condamnation en correctionnelle en 1965.
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Vincent Peillon (AFP - BERTRAND LANGLOIS)

Lors d'un débat télévisé au cours duquel a été évoqué l'affaire Ali Soumaré (candidat PS aux régionales dans le Val-d'Oise), Vincent Peillon a évoqué un fait divers qui avait valu au ministre une condamnation en correctionnelle en 1965.



Patrick Devedjian "ne souhaite pas faire de commentaire", a fait savoir le cabinet du ministre UMP de la Relance. Le cabinet n'a pas précisé pas si le ministre conteste l'existence de cette condamnation ou s'il considère que l'utilisation qui en est faite est illégale.

"Je ne sais pas si le Petit Varois a publié en 1965 une article de cette nature, tout ce que je peux (...) dire, c'est que les faits ne sont pas vrais", a déclaré de son côté l'avocat d'Alain Madelin.

Au cours du débat télévisé, l'eurodéputé socialiste a sorti de sa poche une copie d'un article en disant: "Je vous ai amené un document très intéressant qui est l'édition du Petit varois du 11 novembre 1965. Le titre 'En correctionnelle, deux jeunes dévoyés en vacances à La Croix Valmer avaient essoufflé la police'". "La fin nous apprend que ces deux jeunes avaient volé une Simca 1000, volé des moteurs de bateaux, avaient des papiers d'identité faux, des plaques d'immatriculation fausses, avaient avec eux un pistolet 6,35 et avaient fait courir la police", a poursuivi le dirigeant PS.

"J'ai cherché les noms et c'est finalement une jolie anecdote, on a deux noms : MM. Alain Madelin, Patrick Devedjian", a lâché Vincent Peillon.

Une réplique à l'affaire Soumaré
"Je souhaite véritablement qu'Ali Soumaré fasse une aussi belle carrière", a-t-il lancé. Le parlementaire entendait ainsi répondre aux attaques de deux maires UMP du Val d'Oise, dont celui de Franconville Francis Delattre, contre le candidat PS aux régionales dans le département..

Ces élus l'ont qualifié de "délinquants multirécidivistes". Accusations qui se sont révélées partiellement fausses. Une condamnation qui était imputée au jeune candidat d'origine malienne concernait en réalité un homonyme, et une autre vieille d'une dizaine d'années était prescrite. Francis Delattre s'est excusé pour le problème d'homonymie.

Demeure contre Ali Soumaré une peine de prison prononcée pour un vol en 1999, qu'il reconnaît et pour lequel il parle "d'erreur de jeunesse", et un dossier de rébellion à agent de la force publique. Il nie les faits pour lesquels il a été condamné en son absence à deux mois de prison ferme, condamnation dont il a fait appel.

Réactions à droite
"La justice doit laver Ali Soumaré des allégations diffamatoires de ses accusateurs" UMP, a estimé vendredi le président d'honneur de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), Patrick Gaubert, lui-même proche du parti majoritaire. A ses yeux, il est "évident que seule la couleur de la peau de M. Soumaré motive les attaques d'une violence inouïe dont il est victime". "Les responsables de cette lamentable affaire donnent une image terrifiante, digne des années 30, d'un personnel politique que nos concitoyens, les jeunes en mal d'intégration en particulier, ne respectent plus", ajoute le responsable de la LICRA.

Tout en regrettant la diffusion d'informations partiellement fausses, des dirigeants et responsables de l'UMP ont estimé que l'affaire était toujours au passif du PS, puisqu'Ali Soumaré avait bien un casier judiciaire. En déplacement en Seine-Maritime, le premier ministre, François Fillon, a repris ce point de vue jeudi. "Chacun est libre de choisir les candidats qu'il entend du moment qu'ils respectent la loi, ce qui est le cas. Je pense simplement que les électeurs ont droit à la plus grande transparence et que quand on est candidat, il faut être exemplaire, et ça vaut pour tout le monde", a-t-il dit à des journalistes.

"Qu'il y ait un souci de transparence, c'est normal que les électeurs puissent connaître la personne, sans être dans l'intimité. Ce n'est pas intrusif. Que vous ayez été condamné, on peut s'en expliquer", a déclare de son côté l'ancienne garde des Sceaux UMP Rachida Dati. "M. Soumaré vit dans un quartier difficile, il a expliqué que c'était une erreur de jeunesse. Pour Patrick Devedjian, cela peut être également le cas (...). On s'en explique. On le dit aux électeurs et passons au fond", a-t-elle ajouté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.