OTAN : Fillon engage la responsabilité du gouvernement
Ce sera, après la déclaration de politique générale en juillet 2007, la deuxième fois que le Premier ministre demande la confiance aux députés depuis son arrivée à Matignon. Si le non l'emportait, le gouvernement serait renversé, mais le vote devrait aboutir sans surprise à un oui majoritaire. Le débat intervient sept jours après l'officialisation par Nicolas Sarkozy d'un retour de Paris dans le commandement militaire intégré de l'Alliance atlantique qui devrait être effectif lors du sommet de l'Otan, les 3 et 4 avril.
Le ministre de la Défense Hervé Morin a indiqué dimanche qu'il faudra trois ans pour que la France redevienne "la tête et les jambes" de l'Otan après son retour dans le commandement militaire intégré de l'Alliance atlantique. "Nous y gagnerons, puisque aujourd'hui, nous sommes les jambes de l'Otan, mais nous n'en sommes pas la tête et que nous voulons en être la tête et les jambes", a-t-il affirmé sur Europe 1 en référence à un célèbre jeu télévisé diffusé par l'ORTF dans les années 60.
Les Etats-Unis et plusieurs pays d'Europe ont applaudi ce retour, mais en France, la question reste controversée : criant à la trahison de l'héritage gaulliste, plusieurs ténors de droite, dont les ex-Premiers ministres Dominique de Villepin et Alain Jupé, manifestent, tout comme la gauche, leur hostilité à une décision qui, selon eux, va mettre la France sous tutelle américaine.
Laurent Fabius a estimé dimanche qu'un retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN serait "une erreur" car elle romprait le "consensus" en France sur la défense, banaliserait la position de la France et nuirait à la défense européenne. M. Fabius, qui sera l'orateur PS mardi l'Assemblée lorsque le gouvernement engagera sa responsabilité sur ce sujet, a affirmé sur France 5 que la conséquence d'une réintégration complète sera qu'"il n'y aura plus de consensus national sur cette question". Or "il n'y a pas beaucoup de questions importantes sur lesquelles il y a un consensus", a-t-il dit.
A quelques exceptions, les récalcitrants de droite ne devraient pas se joindre au vote négatif de l'ensemble de la gauche. Après l'Assemblée, M. Fillon tentera de convaincre les sénateurs, mais la haute assemblée, où la majorité gouvernementale est beaucoup plus serrée, ne votera pas. Un engagement de responsabilité se fait seulement devant les députés. Le gouvernement aurait toutefois pu demander aux sénateurs de se prononcer (article 49.4). Il ne l'a pas fait, craignant, selon un responsable UMP, de ne pas obtenir l'approbation souhaitée.
Caroline Caldier, avec agences
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