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Opération séduction de François Hollande en Moselle auprès des salariés déçus du sarkozysme

François Hollande s'est rendu mardi 17 janvier sur les terres ô combien symboliques de Gandrange, en Moselle. L'occasion de défendre l'industrie française devant une horde de journalistes, sans pour autant tomber dans un anti-sarkozysme trop facile.
Article rédigé par Cécile Jandau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
F. Hollande et M. Aubry visitent l'usine Akers (FTV)

François Hollande s'est rendu mardi 17 janvier sur les terres ô combien symboliques de Gandrange, en Moselle. L'occasion de défendre l'industrie française devant une horde de journalistes, sans pour autant tomber dans un anti-sarkozysme trop facile.

Envoyée spéciale (Gandrange, Moselle) - En 2009, l'aciérie de Gandrange fermait définitivement ses portes malgré les promesses de Nicolas Sarkozy. En 2012, François Hollande vient à son tour formuler des promesses sur les terres Lorraines meurtries par la désindustrialisation. "On le jugera sur ses actes, prévient d'emblée Edouard Martin, délégué CGT et salarié de l'usine Arcelor Mittal de Florange. Des promesses, on en a plein les valises, on n'en veut plus, on veut des actes, on veut que des lois courageuses soient prises" scande-t-il.

Et si Nicolas Sarkozy envisageait lui aussi de prendre part au défilé des candidats sur ces terres lorraines ? "J'irai boire un coup, ou faire un foot, mais je n'irai certainement pas le voir. Il nous a traîné dans la boue" s'insurge M Martin. La colère est encore vive, mais les salariés du secteur sidérurgique de Moselle ne sont pas résignés pour autant : " On espère que François Hollande ne fera pas la même chose que Sarkozy".

Une visite hypermédiatisée

Carnets armés d'un stylo, téléobjectifs, caméras, micros…Une nuée de plus de 170 journalistes marche dans le sillage du candidat socialiste, s'agrègent autour de ses moindres faits et gestes et se bousculent, souvent. De mémoire de photographe "on avait jamais vu ça. " Et pourtant, "on en a fait des campagnes", confie l'un d'eux. Justement, Edouard Martin n'est pas dupe. " On a bien compris les mécanismes de campagne, les candidats qui défilent ici nous instrumentalisent, mais nous aussi. On récupère de l'espace médiatique, on fait passer notre message. Ils font de la com, on fait de la com!"

Et sur le plan de la communication, le ton était donné : tous derrière Hollande, y compris Martine Aubry. C'était en effet le premier déplacement commun de la première secrétaire du Parti socialiste avec François Hollande depuis son investiture. Sur le site de l'aciérie Akers de Thionville, le député de Corrèze n'a pas manqué de souligner la présence de son ex-rivale à la primaire socialiste, "parce qu'elle a été ministre de l'emploi" et accueillie selon lui par un "merci pour les 35 heures" lancé par un salarié.

Martine Aubry lui a aussitôt renvoyé la pareille : "Nous sommes ici pour dire que l'emploi a été oublié par le gouvernement. François Hollande est celui qui porte le chemin du redressement productif et industriel." La leçon a bien été retenue.

Candidat des "promesses tenues"

Coiffé d'un casque blanc, François Hollande a délivré une envolée avec une voix un tantinet fatiguée par de nombreuses interventions depuis le début de campagne : "Nous voulons montrer aux jeunes qu'il y a de l'avenir dans l'industrie. Et nous sommes ici pour marquer notre volonté et notre admiration pour le travail humain".

Les deux ténors socialistes et leur staff de campagne se sont ensuite dirigés vers la mairie de Gandrange pour rencontrer des syndicalistes d'Arcelor Mittal. A l'issue de cette entrevue, François Hollande a directement attaqué la politique menée par Nicolas Sarkozy : "Gandrange est devenu un lieu symbole de l'abandon de l'emploi comme priorité, symbole de l'absence d'une politique industrielle et symbole d'un manquement à la parole donnée."

"Je ne suis pas venu ici pour laisser croire que, dès l'élection présidentielle, tout sera possible, mais pour dire que tout sera engagé, tout sera fait pour que nous ayons la clarté dans les objectifs et la mobilisation des moyens", a-t-il conclu.

A la veille du sommet social "de fin de mandat et de début de candidat", dont le thème est l'emploi, François Hollande a décidé d'appuyer ses promesses avec la proposition concrète de moduler les cotisations sociales pour inciter les entreprises à privilégier les contrats longs. Mais comme il l'a rappelé avec malice à un salarié un peu trop pressé," je ne suis pas encore à la tête de l'Etat."

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