Olivier Besancenot tente-t-il de pallier l'absence médiatique de Philippe Poutou, candidat du NPA ?
Philippe Poutou absent de la scène politique et médiatique, la campagne du NPA stagne. Son ancienne vedette, Olivier Besancenot, est revenu sur le devant de la scène ces derniers jours. Pour rappeler la matrice de l'extrême gauche : la lutte sociale.
Philippe Poutou est invisble ! C'est un euphémisme. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle est parfaitement inexistant dans la campagne électorale. Sur le plan politique et dans les médias.
Ce mal atteint aussi sa camarade de Lutte Ouvrière (LO), Nathalie Arthaud, dont l'écho des propositions est assez fluet.
A leur décharge, il faut dire que les candidats de l'extrême gauche trotskistes placent plus leurs espoirs révolutionnaires dans les mouvements sociaux que dans les urnes. L'expression "élections, piège à cons" popularisée en Mai 68 pourrait assez bien résumer le fond de leur pensée.
Il n'en demeure pas moins que la campagne présidentielle est un moment privilégié pour toutes les forces politiques. Mêmes les moins électoralistes !
En raison de l'intérêt que suscite ce scrutin dans l'opinion, les partis, gros et petis, peuvent bénéficier d'une exceptionnelle exposition politique et médiatique pendant quelques mois. Lutte ouvrière l'avait fort bien compris qui présenta Arlette Laguiller à six présidentielles consécutives de 1974 à 2007. A deux reprises - 1955 et 2002 -, elle dépassa la barre des 5%.
Refondation de la LCR sur "une base politique claire"
Dès 1969, le trotskisme avait été représenté dans la scrutin présidentiel par Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Un an après le vaste mouvement de contestation politico-étudiant, le candidat d'extrême gauche recueillait à peine plus de 1% des suffrages exprimés.
Rebelotte en 1974. Mais concurrencé par Mme Laguiller, cette fois M. Krivine divisait son score par trois.
Les trotskistes de la LCR ont refait leur apparition présidentielle en 2002 avec Olivier Besancenot. Le "facteur de Neuilly" obtient, comme il le fera cinq ans plus tard, un peu plus de 4% des voix.
Dans la foulée de la présidentielle de 2007, M. Besancenot propose la refondation de la LCR sur "une base politique claire", ce qui donnera naisance au Nouveau parti anticapitaliste. Au bout du compte, cette mue s'est révélée être un échec politique dont le cafouillage des cantonales de 2011 - polémique autour du soutien du NPA à une candidate voilée - a été le fait médiatique le plus visible pour l'opinion.
Avançant - ou prétextant - son opposition à la "personnalisation à outrance" de la vie politique, l'ancien porte-parole du parti annonce, en mai, dans un courrier à ses camarades, qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle. C'est un inconnu qui le sera à sa place : M. Poutou, ouvrier dans l'automobile.
"Il faudra toujours continuer les mouvements sociaux"
Ce n'est pas lui faire injure que de dire qu'il n'a pas percé et que sa campagne n'a pas - encore ? - décollée. Quel que soit l'institut de sondage, les intentions de vote en sa faveur oscillent entre 0% et 1%.
Est-ce pour cette raison que M. Besancenot est revenu sur le devant de la scène en cette fin d'année ? Discret depuis la désignation de M. Poutou, il a donné de la voix en l'espace de 48 heures. Coup sur coup, il est apparu aux côtés de grévistes de Roissy et des sans-abri. Après avoir dénoncé "l'oukase" du PS sur les parrainages.
"Ceux qui mènent ce conflit social sont pris en otages par Nicolas Sarkozy qui cherche à instrumentaliser ce conflit pour tenir un discours musclé dans le cadre de la campagne électorale et dire qu'il ne lâchera pas", a déclaré, la veille de Noël, l'ancien héraut du NPA, au sujet du conflit des agents de sécurité aéroportuaires.
A l'occasion d'un "petit Noël des sans-abri" organisé par l'association Droit au logement (DAL) devant le ministère du Logement, le 25 décembre, M. Besancenot était encore présent. Cette fois pour dire qu'une alternance à la prochaine présidentielle ne "suffirait pas" à régler la question du mal-logement.
"Il faudra toujours continuer les mouvements sociaux", a-t-il ajouté. C'est bien là le fond du message. Comme si la campagne de M. Poutou était déjà passée par pertes et profits. M. Besancenot aurait voulu faire une sorte de recadrage, il ne s'y serait pas pris autrement. "Elections, piège à..."
Une manière de préparer le terrain d'un retrait en bon ordre ?
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