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Nupes : un séminaire pour travailler ensemble, en pleines bisbilles entre les leaders de la gauche

Alors que le fossé continue de se creuser entre les leaders des partis de gauche, une trentaine de députés se sont réunis pour "faire la démonstration qu'ils peuvent s'entendre".
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le communiste Pierre Dharréville, l'insoumise Mathilde Panot, le socialiste Boris Vallaud et l'écologiste Cyrielle Chatelain se sont retrouvés pour un séminaire de la Nupes à Ivry-sur-Seine, le 18 septembre 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Ambiance froide au séminaire de la Nupes, qui s'est tenu lundi 18 septembre à Ivry-sur-Seine, près de Paris. Après les déclarations de l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, affirmant ne pas "aimer" ses partenaires de l'alliance de la gauche, des députés tentent tant bien que mal de préserver l'union lors de ce séminaire. 

Pas d'accolades de rentrée, pas de grande tablée. Chacun mange de son côté son plateau repas. Et seuls une trentaine de députés, sur les 150 que compte la Nupes, ont fait le déplacement, d'après franceinfo. Les passes d'armes entre les différents leaders de la gauche sont "fatiguantes, usantes", pour Boris Vallaud, député et patron des socialistes à l'Assemblée. Il parle de pugilat généralisé, ironise sur une énergie "même pas renouvelable, elle épuise tout le monde et à la fin, les batteries sont à plat."

"On a le droit de ne pas être d'accord"

"Pour un certain nombre d'entre nous", défend l'élu, "on veut faire la démonstration, à l'Assemblée nationale au premier chef, qu'on est capable de s'entendre, dès lors qu'il en va de la vie des gens."

La politique, quand elle parle d'elle-même, emmerde tout le monde

Boris Vallaud, député socialiste

à franceinfo

Trois ateliers de fond sont organisés durant le séminaire, l'un sur le budget, l'autre sur l'immigration, et le dernier sur l'agriculture, avant la présentation de projets de loi sur ces thèmes à l'Assemblée. "Tout ce qui est collectif nous fait du bien", concède Cyrielle Chatelain, la présidente du groupe écologiste au palais Bourbon. "Nous avons des habitudes de travail depuis un an de législature. La question n'est pas de savoir si on s'apprécie ou pas, si on s'aime ou pas. Mais de savoir si l'on est prêt à travailler ensemble."

Pour ces députés, l'union se pratique, et même si les chefs de partis en décident autrement, elle ne peut pas être "sacrifiée sur l'autel des ambitions présidentielles", d'après un député socialiste. Pour une autre figure du PS, "on a le droit de ne pas être d'accord, mais pas de donner le sentiment que le divorce est irrémédiable."

Parfois, il faut renégocier le contrat de mariage

Un député socialiste

à franceinfo

"Le fil se tend, mais ne doit pas rompre"

Pour les élections européennes, en juin 2024, la gauche part en ordre dispersé, sans liste commune pour l'instant. "Il faudra faire en sorte que les tensions ne déteignent pas dans l'intergroupe", souffle à franceinfo une écologiste de premier plan.

D'autant que Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise, met maintenant la pression sur ses partenaires à l'Assemblée. "Nos divergences stratégiques sont importantes", précise-t-il. "La question posée est de savoir si la Nupes doit demeurer ou pas. Nous souhaitons qu'elle reste et présente une candidature commune aux européennes. Il faut que nos partenaires précisent leurs intentions sur le sujet."

C'est un bras de fer en interne en parallèle des combats dans l'hémicycle contre le gouvernement et la majorité. Certains à gauche espèrent que l'année deux de la Nupes ne sera pas la dernière. Une élue communiste, partisane de l'union, a cette devise : "quand le fil se tend, faisons en sorte qu'il ne rompe pas."

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