Cet article date de plus de douze ans.

Notre-Dame-des-Landes : qui sont les pro-aéroport ?

Les opposants au projet semblent en passe de gagner la bataille de l'opinion, au grand désarroi de ses défenseurs. Qui sont ces derniers et comment se font-ils entendre ?

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un logo des partisans du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). (FRANCETV INFO)

NOTRE-DAME-DES-LANDES – Ils sont plus discrets dans les médias que les opposants au projet mais ils n'en pensent pas moins. En retrait de l'agitation médiatique qui accompagne les mouvements de protestation contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), les défenseurs de l'infrastructure restent nombreux. 

Frédérique Espagnac, une des porte-parole du PS, a bien répété que le projet "se fera", "dans tous les cas de figure", lors du point de presse hebdomadaire du PS, lundi 26 novembre. Pour autant, l'inquiétude grandit chez les porteurs du projet. Francetv info passe en revue leurs troupes et fait le point sur le rapport de force avec les opposants. 

1Chez les politiques 

Les élus favorables au projet multiplient les prises de position pour défendre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Dernière initiative en date, une tribune cosignée par 36 parlementaires favorables au nouvel aéroport, samedi 17 novembre. Les élus évoquent l'avenir du "Grand Ouest, qui a besoin d’un nouvel équipement capable de répondre à l’augmentation du trafic aérien dans les 50 prochaines années". Selon eux, la messe est dite. "La démocratie, qui s’est exprimée à plusieurs reprises, ainsi que les différentes décisions de droit, doivent maintenant être respectées par tous, dans le sens de l’intérêt général."

Les présidents du conseil régional et du conseil général défendent également le projet. Plus généralement, le Parti socialiste est pour, tout comme l'UMP. Le groupe communiste à la région Pays-de-la-Loire soutient lui aussi le projet, à la différence des sections départementales de Vendée et du Morbihan. 

Le rapport de force. Vice-présidente du Collectif d'élus doutant de la pertinence de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Cedpa), Isabelle Loirat a la dent dure contre ces élus "qui doivent leur poste à Jean-Marc Ayrault", ancien maire de Nantes et actuel Premier ministre. Son groupe revendique 1 100 élus en guerre contre le futur aéroport. Lors de la grande manifestation organisée samedi 17 novembre, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), José Bové (Europe Ecologie - Les Verts) et Olivier Besancenot (NPA) étaient de la partie. 

2Dans les milieux d'affaires

Les entrepreneurs locaux sont les plus farouches défenseurs du projet. Ils considèrent que le futur aéroport sera une locomotive pour le développement économique de la région. La chambre de commerce et d'industrie (CCI) Nantes Saint-Nazaire s'est fendue d'un communiqué, samedi 17 novembre, pour défendre sa position : "Nous refusons de nous voir dicter notre avenir par quelques milliers de manifestants pour la plupart extérieurs à nos territoires."

Contacté par francetv info, son président, Jean-François Gendron, durcit le ton contre une "minorité d'activistes, brutaux d'une façon générale" et "quelques agriculteurs. (...) Et quand les écologistes rappellent qu'il y a trop d'aéroports en France, je suis d'accord ! Il faut concentrer leur nombre sur de grands équipements dignes de ce nom." Le Medef de Loire-Atlantique a également toujours déclaré son attachement au projet. 

Le rapport de force. Le futur aéroport fait quasi consensus chez les entrepreneurs. 

3Dans le domaine associatif

Créée en 2003, puis un temps en sommeil, l'Association citoyenne pour la réalisation d'un aéroport international sur le site de Notre-Dame-des-Landes (Acipran) s'est réactivée à la mi-novembre, avec la montée de la contestation. La peur semble gagner les défenseurs du projet. "Il y a un petit bruit de fond pour dire que l’aéroport ne va pas se faire. Il est important de lever les doutes", avouait lui-même son président, Alain Mustière, dans les colonnes d'Ouest-France, vendredi 16 novembre.

L'association a lancé des comptes Twitter et Facebook. Et chez nos confrères de France 3 Pays-de-la-Loire, elle a vanté "un très bon investissement" pour le territoire, évoquant la création de "l'équivalent de 3 000 emplois" pendant le chantier. 



Le rapport de force. Pourtant, la dynamique semble avoir changé de camp. Avec seulement 200 adhérents, l'Acipran est bien moins efficace que sa grande rivale, l'Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport de Notre Dame-des-Landes (Acipa), forte de plus de 3 000 adhérents. Selon Isabelle Loirat, du Cedpa, "personne n'ose défendre ce truc [l'Acipran], qui est une émanation de la Chambre de commerce et d'industrie".

4Au sein de la population

C'est la grande inconnue. Que pensent réellement les populations du projet d'aéroport ? "La majorité silencieuse y est favorable, tranche Jean-François Gendron. Et puis il y a ceux qui ne s'expriment pas parce qu'ils ont peur, il y a les agriculteurs qui ont accepté les compromis et qui ont quitté leur exploitation, il y a tous les habitants de la zone qui aimeraient retrouver un peu de calme..." Face au tapage médiatique des opposants, les habitants seraient donc contraints au silence. Nos confrères de France 3 Pays-de-la-Loire ont accompagné des riverains favorables au projet, qui témoignent masqués. 



Le rapport de force. Isabelle Loirat reconnaît que "les gens n'arrêtent pas de parler des emplois créés par le futur aéroport" et "des avions qui survolent actuellement la ville". Mais pour elle, "c'est lié à la propagande des porteurs du projet, livrée par exemple dans les magazines institutionnels". Si des habitants sont favorables au projet, c'est donc qu'ils seraient mal informés : "Prenez l'exemple des nouveaux arrivants : ils ne connaissent pas le dossier ! D'ailleurs, la plupart des habitants le découvrent en ce moment". Un peu tard, selon elle. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.