Notre-Dame-des-Landes : dans la ZAD, les opposants n’ont pas l’intention de lever le camp
Lundi, les élus locaux concernés par le dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes défilent dans le bureau du Premier ministre. Si le gouvernement tient sa promesse, une décision sera prise sur l’avenir du projet. Ses opposants, dans la ZAD, eux, ne sont pas prêts à lever le camp.
Le compte à rebours a commencé à Notre Dame-des-Landes : cette semaine encore, les élus locaux concernés par le dossier défilent dans le bureau du Premier ministre. Si le gouvernement tient sa promesse, d’ici la fin du mois une décision sera prise sur l’avenir du projet d’aéroport et quel que soit l’option retenue, l’évacuation de la ZAD se profile.
La "zone à défendre" est pourtant encore occupée par les opposants, environ 200 personnes qui vivent en permanence sur 1 650 hectares de bocage. Et qui semblent ne manifester aucune intention de lever le camp.
"Certains journaux ont évoqué des herses !"
À proximité de la ferme de Bellevue, haut-lieu de la résistance zadiste, juste à côté du "champs des bâtons", nous retrouvons Camille : ce n’est pas son vrai prénom, ici tous s’appellent ainsi.
Lui est occupant de la ZAD depuis 2012. "Lors de la manifestation du 8 octobre 2017, des gens sont venus par milliers planter un bâton ici, dans un talus, sur le sol de la ZAD, pour protester contre le gouvernement qui annonçait qu’il allait nous expulser."
"Certains journaux ont évoqué des herses pour crever les pneus des véhicules policiers : ce sont des fables qui visent à diaboliser une certaine frange des habitants de la ZAD. Ce n’est pas la réalité que nous vivons." Plus loin, Sylvain Fréneau, agriculteur paysan, "expropriable" et "expulsable", assure qu’il laissera ceux qui le souhaitent, parmi les zadistes, rester là, pourvu qu’ils paient un fermage, un loyer pour les maisons. Le tout, géré par un collectif, par exemple, à l’image de l’exemple du Larzac. "Il y a des droits, et aussi des devoirs. Personnellement, je veux que l’Etat garde la main." Il ne croit pas à une expulsion totale de la ZAD. Ce serait, dit-il, la "pire des choses". Par contre, il appelle à ce que l’accès à nos champs se libère.
"Si les forces de l’ordre nous attaquent, nous nous défendrons"
L’une des routes en questions, en lisière de la ZAD, la "route des chicanes", une départementale entravé sur plusieurs centaines de mètres, avec des cabanes et des pièges.
"Là par exemple, ces trous dans la route pourraient empêcher des véhicules blindés", désigne Camille. Plus loin, une tour de guet, brûlée. "Probablement par des anti-zadistes" : "Ce sont souvents des nervis de l’extrême droite locale", soupire Camille. Depuis sept ans, ce Camille parmi d’autres Camille vit sur la ZAD et est installé dans une petite ferme, le Moulin de Rohanne, avec ses oies, ses poules. "Si les forces de l’ordre nous attaquent, nous nous défendrons. On est pas là pour se battre, on a horreur de la violence. J’ai des enfants, je ne veux pas finir en prison. On répondra par symétrie !" "Il n’y a aucun volonté de blesser, ou de létalité", conclut-il.
Certains zadistes se disent prêt à discuter avec le gouvernement, mais uniquement si le projet d’aéroport est abandonné. Ils n’ont, en tout cas, pas pour projet de déménager. …et certainement pas dans l’idée de déménager. De quoi craindre une confrontation : le Premier ministre s’est engagé à évacuer la ZAD, notamment grâce au renfort de 3 000 militaires qui pourraient être mobilisés pour cette opération. "Si vis pacem para bellum", s’esclaffe Camille. Traduction : si tu veux la paix prépare la guerre.
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