Notre-Dame-des-Landes : au cœur des affrontements sur la route des Fosses noires, âprement défendue par les zadistes
Les gendarmes ont progressé, mercredi, dans le secteur des Fosses noires, une voie stratégique défendue par les zadistes et leurs soutiens. L'opération a donné lieu à de violents affrontements.
À Notre-Dame-des-Landes, jeudi 12 avril, des barricades détruites par les gendarmes la veille sur la route des Fosses noires, ont été reconstruites. Ce secteur est âprement défendu par les zadistes et leurs soutiens, refusant les évacuations, comme en témoigne les violents affrontements constatés mercredi par franceinfo.
La progression méthodique des gendarmes
La colonne des gendarmes prend position derrière les barricades avec l’objectif de prendre possession de la route des Fosses noires, tenue par les opposants depuis l’aube. La voie relie les deux axes principaux coupant la ZAD. "L’objectif est de repousser les opposants sur un compartiment de terrain qui va libérer notre progression sur les chantiers de déconstruction", explique un gendarme.
Il s'agit de pouvoir continuer à travailler progressivement et méthodiquement dans notre manoeuvre.
Un gendarme en intervention sur la ZADà franceinfo
Après les dernières sommations, la charge est donnée. Face au gaz lacrymogène, aux grenades assourdissantes, les zadistes répliquent par des jets de pierres, des cocktails Molotov. Ce qui ne les empêche pas de devoir reculer. Les barricades, qui ont cédé les unes après les autres, sont alors contrôlées. "Là, il y a une bouteille de gaz, on vérifie qu’elle ne représente pas un danger. Après on dégage le barrage et donc l’axe, pour permettre la progression", indique un représentant des forces de l'ordre.
La résistance des zadistes
L’affrontement est difficile. Il y a des blessés. Sur place, des seniors étaient venus en nombre pour participer au pique-nique citoyen organisé dans un champ. Le rassemblement pour protester contre les expulsions lancées lundi venait juste de se terminer lorsque l’affrontement a commencé. "On s’est approché pour voir un peu ce qui se passait. Ils ont envoyé des lacrymogènes et des bombes de désencerclement", témoigne une participante. "Regarde le copain, il saigne de l’oreille et la copine est blessée (...) On est simplement là pour un pique-nique et là les copains pissent le sang", ajoute-t-elle.
On est quoi, des terroristes, c’est ça ? Ce sont des armes de guerre qu’ils nous envoient. C’est d’une violence inouïe. Et après on va dire que ce sont les zadistes qui sont violents ?
Une participante au rassemblement citoyenà franceinfo
La sympathisante, aux côtés des zadistes, martèle que "c'est honteux". "Moi, j’ai mal à la France, j’ai honte", confie-t-elle.
Un sentiment de "trahison"
Le déploiement de force n’étonne pas l'un des zadistes, présent aux Fosses noires. "Avec une telle pression, 2 500 policiers, c’est obligé que ça donne de la violence", déclare-t-il. À proximité, Jean-Yves ajoute qu'il voit de la trahison dans cette situation. "Moi, j’ai eu confiance dans le discours de la préfète, dans cette ouverture. Des négociations étaient en cours, et dès le premier jour, on a exclu des gens qui avaient un projet solide", déclare-t-il. "J’ai senti une trahison. C’est un peu ma citoyenneté qui a été touchée", confie-t-il.
Cette façon de procéder radicalise encore plus certains individus, alors que le dialogue peut amener vers quelque chose de positif. C’est un peu le sentiment qu’on s’est fait avoir.
Jean-Louis, du côté des zadistes à Notre-Dame-des-Landesà franceinfo
L’opération, probablement la plus violente depuis lundi, s’est achevée en fin d’après-midi mercredi.
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