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A l'UMP, l'inventaire du sarkozysme vire à l'inventaire du hollandisme

Cette convention, organisée ce jeudi à Paris au siège du parti, devait être un bilan du dernier quinquennat. Mais il s'est transformé en critique virulente des 500 premiers jours de François Hollande.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, au siège de son parti, le 17 octobre 2013 à Paris.  (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Jean-François Copé l'avait juré : il était hors de question que la convention de son parti sur le bilan du dernier quinquennat, jeudi 17 octobre à Paris, vire au "Sarko-bashing". Promesse tenue ! Plutôt qu'un débat sur les réussites et les échecs de Nicolas Sarkozy, l'UMP a préféré se livrer à un inventaire... des 500 premiers jours de François Hollande.

Dans son costume de président de parti, Jean-François Copé a bien sûr appelé ses amis à faire preuve de "lucidité". Mais Nicolas Sarkozy n'avait pas de quoi être inquiet. Car dans la foulée, le député-maire de Meaux ajoutait : "La lucidité, c'est de reconnaître les succès du quinquennat". Le ton était donné. Pas question, devant un parterre de journalistes, de tirer dans le dos de l'ancien chef de l'Etat, dont le retour est plébiscité par les sympathisants de droite

Les 35 heures pour seule cible 

A la tribune, les intervenants successifs ont donc longuement salué les mesures de l'ère Sarkozy les plus populaires auprès des Français : interdiction du port du voile, autonomie des universités, service minimum dans les transports, défiscalisation des heures supplémentaires... Seules les 35 heures, auxquelles Nicolas Sarkozy a refusé de toucher, ont fait l'unanimité contre elles. "L'intérêt aurait voulu que nous allions plus loin", a jugé Jean-François Copé, approuvé par les orateurs suivants.

Pour le reste ? Jean-Pierre Raffarin a bien concédé, dans un bref message vidéo, que "nous n'avons pas tout réussi". Brice Hortefeux a bien admis, dans un autre message enregistré, que "bien sûr, tout n'a pas pu être fait". Le délégué général au projet de l'UMP, Hervé Mariton, a bien reconnu, lui aussi, que la droite n'a pas été "suffisamment forte, pas suffisamment claire". Même l'ultra-sarkozyste vice-président de l'UMP, Guillaume Peltier, a bien lâché que "nous aurions probablement dû aller plus vite, aller plus loin, aller plus fort". Mais l'introspection s'est arrêtée là.

Haro sur François Hollande

A l'inventaire du sarkozysme réclamé par certains, l'UMP a préféré se livrer à "l'inventaire du hollandisme", selon les mots de Guillaume Peltier. "Sur tous les grands thèmes, les Français constatent l'échec massif de la gauche", a souligné Jean-François Copé, pointant, en vrac, "l'absence de lucidité", "le bilan catastrophique" et "l'exercice de défausse permanente" de François Hollande. Aux yeux du patron de l'UMP, les 500 premiers jours du chef de l'Etat sont synonymes "d'explosion du chômage, d'explosion des impôts, d'explosion de la violence, et d'explosion du communautarisme".

"Quand on évalue, on s'inquiète ; quand on compare, on se rassure", a conclu le député Hervé Mariton, dans une étrange formule qui laisserait entendre que l'évaluation du quinquennat Sarkozy serait inquiétante. 

Copé en gardien du sarkozysme

L'intérêt de cet exercice était en fait ailleurs. En acceptant, à la mi-août, d'organiser ce vrai-faux inventaire, Jean-François Copé a pu donner l'impression de prendre quelques distances avec Nicolas Sarkozy.

Le président de l'UMP considère en réalité avoir fait taire les critiques à l'égard de l'ancien président. "Désormais, cette séquence d'autoflagellation initiée délibérément par quelques-uns est close", traduit son entourage. Jean-François Copé ne s'est d'ailleurs pas privé de faire passer le message lui-même : sur un ton solennel, il a "demandé" à ceux, absents, qui réclamaient un inventaire, "de ne pas dire, dans des discours ou au fil des interviews, ce qu'ils n'ont pas voulu dire dans les yeux des militants" jeudi après-midi. La phrase a d'ailleurs été très applaudie dans la salle. Ce qui montre bien que Jean-François Copé a réussi son pari : celui de préserver Nicolas Sarkozy, pour s'attirer un peu plus la reconnaissance et le soutien des militants. 

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