Nicolas Dupont-Aignan dévoile son gouvernement idéal... sans avoir contacté ses futurs ministres
Le candidat livre une liste de noms dans son dernier livre. Mais aucune des personnes désignées n'était au courant. Franceinfo les a contactées pour recueillir leurs impressions.
Nicolas Dupont-Aignan croit dur comme fer en ses chances. Dans son livre Mon agenda de président : 100 jours pour tout changer (éd. Librio), le candidat à la présidentielle imagine d'ailleurs ses premiers jours à l'Elysée. Mieux, il dévoile d'ores et déjà la composition de son futur gouvernement.
Sont pressentis "Natacha Polony à l'Instruction publique, Henri Guaino à la Défense, Rama Yade aux Affaires étrangères, Philippe Bilger à la Justice, Jean Lassalle à l'Aménagement du territoire, Irène Frachon à la Santé, Malek Boutih à la Politique de la ville, Malika Sorel à l'Intérieur, Jacques Myard aux Affaires européennes, Eugénie Bastié à l'Ecologie..." Sauf que les intéressés n'ont pas été avertis avant la sortie en librairies, mercredi 8 mars : "Je ne leur ai pas posé la question", a reconnu Nicolas Dupont-Aignan sur BFMTV. Franceinfo a recueilli la réaction de certains de ces ministrables.
Dans son livre le Président @dupontaignan annonce son futur gouvernement. Je pense qu'il va vous séduire ... pic.twitter.com/MDszwaMmra
— guy birenbaum (@guybirenbaum) 11 mars 2017
"Je ne partage aucune de ses idées"
"Tout le monde se fout de ma gueule", répond à franceinfo Irène Frachon, désignée, bien malgré elle, comme possible ministre de la Santé. La pneumologue, qui a révélé le scandale du Mediator, précise que le candidat "a utilisé [son] nom sans [sa] permission, sans doute pour faire joli dans son livre". Nicolas Dupont-Aignan a sans doute été inspiré de ne pas lui demander son autorisation, car il aurait essuyé un refus : "Je ne partage probablement aucune de ses idées."
Il y a quelques années, il avait dit qu'il était le 'Irène Frachon' de l'euro, en faisant un rapprochement avec le Mediator. Il a cette idée de se prendre pour un lanceur d'alerte, c'est un zozo.
Irène Frachon, pneumologueà franceinfo
Même surprise pour la journaliste du Figaro Eugénie Bastié, qui serait propulsée ministre de l'Ecologie en cas de victoire de Nicolas Dupont-Aignan. "Vu le niveau de Nicolas Dupont-Aignan dans les sondages, je ne crois pas trop prendre de risques en acceptant le poste", écrit-elle à franceinfo, avec une pointe d'ironie. Avant de trouver un début d'explication à la présence de son nom.
Je me réjouis qu'il s'intéresse à la revue d'écologie intégrale 'Limite' que j'ai fondée, c'est sans doute pour cela qu'il a eu cette idée.
Eugénie Bastiéà franceinfo
Un appel du pied "sympathique" pour certains
D'autres personnalités semblent davantage flattées. Proposé au poste de ministre de la Justice, le magistrat honoraire Philippe Bilger fait part de sa "totale stupéfaction", mais juge "sympathique" l'appel du pied du candidat à la présidentielle. "C'est un ami, autant qu'on peut le dire. Il m'a invité à des expositions dans sa ville de Yerres [Essonne], dont il est maire." Lui non plus n'a pas été prévenu – "Je n'ai rien à voir avec son parti !". Pris de court, l'intéressé a encore quelques semaines pour peaufiner ses dossiers.
Il ne sera jamais président. Mais sinon, je réfléchirais, objectivement, à partir de certitudes intellectuelles sur son programme. Qui peut dire, dans l’univers démocratique, qu’il dirait 'non' à une telle proposition ? Pas grand monde, je pense.
Philippe Bilgerà franceinfo
"J'ai simplement jeté sur le papier quelques noms courageux, a expliqué Nicolas Dupont-Aignan, dans l'émission "Le Grand jury", sur RTL et LCI. "Certains, comme Jacques Myard, [que je propose] aux Affaires européennes" ont répondu "oui", affirme-t-il. Contacté par franceinfo, le député LR des Yvelines évoque son "amitié" avec Nicolas Dupont-Aignan, qui siège comme lui à la commission des Affaires européennes, et parle lui aussi "d'intégrisme idéologique de la construction européenne".
Mais c'est tout. "Je suis déjà dans ma famille politique, donc rassurez-vous, nous ne sommes pas en train de constituer un cabinet", répond-il à cette proposition. Après avoir pris connaissance de cette liste, Jacques Myard a bien rappelé Nicolas Dupont-Aignan, mais "sur un ton légèrement ironique".
Il y a quelques années, un collègue député est arrivé au groupe et a dit : 'J'ai fait un cauchemar : Myard était ministre des Affaires européennes.' Vous voyez, ce n'est pas la première fois qu'on me prête ces fonctions.
Jacques Myard, député des Yvelinesà franceinfo
A noter que dans le gouvernement idéal de Nicolas Dupont-Aignan, aucune personnalité du FN n'est citée. Le candidat à la présidentielle l'assume : "Si je mettais un nom du FN, la presse parfois partiale en ferait les gorges chaudes..."
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