Montebourg, gagnant ou perdant de la semaine ?
La popularité de celui qui est arrivé troisième à la primaire PS a fait un bond exceptionnel de 21 points cette semaine. Mais n'a-t-il pas perdu sa position d'arbitre, en faisant durer cinq jours le suspense sur son choix dimanche ?
Selon le baromètre CSA -Les Echos publié vendredi, Arnaud Montebourg a progressé de 21 points dans le classement des personnalités politiques préférées des Français, se hissant à la quatrième place (après Hollande, Aubry et Juppé), avec 45% d'opinions positives. "Progression" saluée comme "exceptionnelle" par le directeur des études du CSA Jérôme Sainte-Marie. Autre bénéfice net de sa campagne pour la primaire : le chantre de la démondialisation voit non seulement croître sa popularité personnelle, mais aussi celle de ses combats. Désormais, 54% des Français seraient favorables au protectionnisme européen qu'il défend.
Mais en faisant durer jusqu'à vendredi le suspense sur une éventuelle consigne de vote, Arnaud Montebourg a perdu son bénéfice d'arbitre du second tour. Et fait apparaître quelques couacs de communication. Retour sur une semaine d'attente soigneusement mise en scène :
. Lundi soir, le partisan de la VIe République annonce au 20h de France 2 qu'il demande dans une lettre ouverte aux deux finalistes de la primaire, François Hollande et Martine Aubry, de se proncer sur ses thèmes favoris (démondialisation, lutte contre la corruption ...).
. Mardi, Arnaud Montebourg donne en avant-première ladite lettre au site internet de Libération, qui avait publié une longue interview de lui le matin-même.
. Mercredi soir, pendant le débat opposant sur France 2 les deux candidats du 2e tour, Liberation.fr annonce qu'Arnaud Montebourg soutiendra à titre personnel François Hollande. Très rapidement, Arnaud Montebourg dément sur son fil twitter :"Je suis surpris qu'on me prête une décision de soutien à l'un ou l'autre des candidats, que je n'ai pas prise. Bien cordialement à vous".
. Jeudi, la maire de Lille, puis le député de Corrèze répondent publiquement sur leurs sites de campagne respectifs à la missive de Montebourg pendant que l'entourage de ce dernier affirme successivement qu'il ne donnera pas de consigne de vote, puis qu'il fera connaître sous peu sa décision.
. Vendredi, le partisan de la VIe République lève enfin le doute. Il laisse ses 17,2% d'électeurs libres de leur choix, mais précise au "A titre exclusivement personnel, je voterai donc pour François Hollande, arrivé en tête du premier tour, à mes yeux meilleur rassembleur".
Cinq jours pour se prononcer alors que Manuel Valls, puis Jean-Michel Baylet avaient immédiatement appelé à voter Hollande et que Ségolène Royal avait apporté mercredi son soutien à son ancien compagnon et père de ses quatre enfants. Soutien qu'elle a renouvelé avec éclat jeudi soir au 20h de France 2.
Avec les voix de Ségolène Royal (6,9 % des suffrages au premier tour de la primaire, de Manuel Valls (5,6% des voix), et de Jean-Michel Baylet (0,6% des suffrages), ajoutées à ses 39,2% au premier tour, François Hollande avait déjà sur le papier une majorité arithmétique de 52% des voix (si les reports sont parfaits, cas d'école certes improbable...). Le soutien tardif "à titre personnel" et sans consigne de vote d'Arnaud Montebourg peut faire figure de cerise sur le gâteau. Il n'apparaît plus décisif.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.