Martine Aubry a réuni mercredi après-midi les ténors du PS pour travailler sur le dossier des retraites
D'autres sujets ont été abordés lors de cette réunion de "calage" entre les différentes sensibilités comme le calendrier et la stratégie à adopter, des voix dissonantes s'étant fait entendre ces dernières semaines dans les rangs socialistes.
Mardi prochain, Mme Aubry doit rencontrer le ministre du Travail, Eric Woerth.
La patronne du PS a déjà prévenu qu'elle ne ferait de propositions au ministre du Travail qu'"à condition qu'il nous explique ce qu'il a en tête" et que "la confiance règne". "Mais c'est difficile qu'elle règne quand on attaque ceux qui sont prêts à discuter avant même d'avoir proposé quoi que ce soit", poursuit-elle. Alors que M. Woerth a qualifié les propositions de Mme Aubry dans sa tribune au Monde, d'"assez vagues, assez générales" et n'ayant "rien à voir avec l'enjeu et la difficulté des choses", Mme Aubry s'est demandé s'il voulait "vraiment nous consulter ou simplement nous insulter".
"On commence à critiquer nos propositions avant même qu'on les ait présentées, c'est une drôle de façon de vouloir traiter un problème de consensus national", a-t-elle déploré.
Pour Mme Aubry, le gouvernement "a sans doute déjà décidé d'augmenter les cotisations et la durée de cotisations, prendre un chouia aux plus riches pour faire croire que c'est juste" mais "nous ne laisserons pas faire ça, les syndicats non plus", prévient-elle.
Sur les retraites, "nous avons nos réponses" prêtes, a assuré l'ancienne ministre des Affaires sociales lors d'un point de presse mercredi en début de soirée. "Simplement, ce n'est pas nous qui sommes au gouvernement et nous ne souhaitons pas faire des propositions pour que le gouvernement en picore une ou deux, celles qui l'arrangent, et
dont on sait qu'elles ne régleront pas le problème", a-t-elle ajouté.
"En gros, on a plutôt décidé de ne rien décider, qu'il était urgent d'attendre", commente-t-on dans l'entourage de l'ancien premier secrétaire, François Hollande. "On ne va pas compliquer les choses. Martine Aubry souhaite ce calendrier pour des raisons proprement politiques, face à la droite, mais aussi parce que (les retraites) peuvent causer du grabuge chez nous", ajoute-t-on de même source.
La question des retraites divise le PS
D'un côté, l'aile gauche du parti, ne veut pas entendre parler de repousser l'âge légal au-delà de 60 ans, et préconise de se concentrer sur la recherche de nouvelles ressources, en élargissant l'assiette des cotisations à la TVA.
"Nous ne pourrons pas éviter l'allongement de la durée de cotisations. Tout le monde le pense au PS mais presque personne n'ose l'assumer", lui répond indirectement Manuel Valls dans un entretien publié mercredi par le quotidien Nord-Eclair.
Une position partagée par le sénateur-maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb qui a lui aussi estimé mercredi qu'il fallait repousser l'âge légal de la retraite au delà de 60 ans. "Aujourd'hui, il faut bouger (...) , nous devons le faire aujourd'hui car les choses ont changé", a déclaré M. Collomb sur Public Sénat. "Si demain on vit jusqu'à 115 ans, demain on sera toujours à 60 ans, et on passera la moitié de sa vie à ne pas travailler ? Non, ce n'est pas exactement comme cela que s'inventera l'avenir", a-t-il ajouté.
Quant à l'ancien Premier secrétaire, François Hollande, il est également partisan d'un allongement accompagné de la durée de cotisation mais uniquement pour les métiers les moins pénibles et à condition de revoir ce principe tous les cinq ans. Jean-Marie Le Guen, qui juge également inéluctable de cotiser plus longtemps, va un cran plus loin. Interrogé sur Radio Classique, le député de Paris, a jugé mercredi que "tout (était) discutable" même "faire évoluer les 60 ans si on protège les populations aux carrières plus longues".
Quoi qu'il en soit, l'ancienne ministre des Affaires sociales du gouvernement Jospin fait comme si ces voix discordantes n'existaient pas. Il y a un "immense accord" entre socialistes pour ne pas revenir sur la réforme Fillon, qui doit faire passer la durée de
cotisation à 41 ans en 2012, ce qui n'allait pas de soi il y a peu, fait d'ailleurs valoir son entourage.
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