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Présidentielle : "C'est une victoire historique" pour Marine Le Pen car "jamais il n'y a eu autant de voix portées sur le camp national", estime un spécialiste de l'extrême droite

Contestée en interne, si la candidate du Rassemblement national a recueilli 41,45% des suffrages exprimés, elle joue cependant sa survie à la tête de son parti, selon Erwan Lecœur, politologue et sociologue, spécialiste de l’extrême droite.

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, le 24 avril 2022 au Pavillon d'Ermenonville, à Paris. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"C'est une victoire historique" pour Marine Le Pen, malgré sa défaite au second tour de l'élection présidentielle face au président sortant Emmanuel Macron dimanche, car "jamais il n'y a eu autant de voix qui se sont portées sur le camp national", estime sur franceinfo lundi 25 avril Erwan Lecœur, politologue et sociologue, spécialiste de l’extrême droite.

franceinfo : Marine Le Pen a-t-elle raison de voir dans cette défaite une "éclatante victoire", comme elle l'a annoncé dimanche soir ?

Erwan Lecœur : C'est une victoire historique au sens où jamais il n'y a eu autant de voix qui se sont portées sur ce camp national. Mais ce n'est pas une victoire éclatante au sens où après la campagne médiatique d'Éric Zemmour au premier tour et après les difficultés du macronisme confronté à des crises importantes depuis cinq ans, on pensait que Marine Le Pen pouvait éventuellement créer un accident politique dans le "tout sauf Macron" et l'anti-macronisme qui se sont développés dans le pays et sur les réseaux sociaux. Et la deuxième victoire de Marine Le Pen, c'est que le pays s'est habitué à son accès au deuxième tour. On n'est plus dans le 21 avril 2002 où c'était une surprise, un choc, maintenant c'est devenu habituel pratiquement. Elle a beaucoup de difficultés puisqu'elle a un parti qui ne fonctionne pas bien, avec très peu d'élus locaux. Elle est également contestée en interne : beaucoup de gens sont partis chez Éric Zemmour. D'une certaine façon, Marine Le Pen joue donc sa survie à la tête de ce parti et de cette famille politique élargie.

Est-ce également une déception pour elle d'être arrivée à 17 points d'Emmanuel Macron à ce second tour qu'on annonçait peut-être serré ?

Tout à fait, c'est une déception pour un grand nombre d'électeurs et de soutiens du Rassemblement national et sans aucun doute pour Marine Le Pen. Médiatiquement, la campagne s'était à un moment emballée sur les thématiques de l'extrême droite. Depuis l'été dernier, la droite et l'extrême droite monopolisaient une grande majorité du temps de parole donc on aurait pu penser que cette campagne puisse s'installer encore plus à droite de la droite. Mais tout ceci était factice, avec la surprésence médiatique d'Éric Zemmour. La véritable question qui est désormais posée à ce Rassemblement national, c'est son avenir. Comment Marine Le Pen a-t-elle pu ouvrir un électorat beaucoup plus populaire, jeune et féminin, qui ne lui était pas encore conquis ? Et comment cet électorat va cohabiter avec celui d'Éric Zemmour qui est beaucoup moins populaire, moins jeune et moins féminin et beaucoup plus à droite ?

Ce sera un problème pour les élections législatives ?

Bien sûr. Dans la tripolarisation du champ politique actuel, Emmanuel Macron a réussi à renforcer, pas de façon conséquente, mais suffisante, son pôle libéral centriste. On a aussi un pôle d'une droite populaire, nationaliste et souvent populiste et un troisième pôle incarné plutôt par Jean-Luc Mélenchon, la social-écologie. Ces trois pôles s'équilibrent autour de 30%. Au deuxième tour, il n'y en a plus que deux en lice, le troisième jouant un peu le rôle d'arbitre. Mais le deuxième tour s'est joué beaucoup plus contre l'adversaire que pour un programme ou un projet. Marine Le Pen doit en tenir compte. Et elle sait bien qu'au moment des législatives, comme Jean-Luc Mélenchon, elle peut s'attendre à une décrue forte de ses électeurs, car les classes populaires vont beaucoup moins voter que les autres. Sans compter qu'au niveau des législatives, Les Républicains et le Parti socialiste ne sont pas tout à fait morts encore.

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