Les avantages des ex-Premiers ministres relèvent "de la tradition", mais "pas de textes légaux"
L'historien Jean Garrigues explique, jeudi sur franceinfo, que ces pratiques n'existent pas dans les autres grandes démocraties.
Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone, va se passer des officiers de sécurité rémunérés par la France quand il sera en Espagne. Mais l'ancien Premier ministre ne renonce pas aux moyens qui lui sont alloués comme à tous les ex-chefs de gouvernement. Lors de ses déplacements en France Manuel Valls continuera à utiliser sa voiture, son chauffeur et ses gardes du corps jusqu'à son éventuelle élection à la mairie de Barcelone. L'historien Jean Garrigues a expliqué, jeudi 27 septembre sur franceinfo, que ces avantages ne relevaient pas du droit, mais de la tradition.
franceinfo : Est-ce légal, ce que fait Manuel Valls ?
Jean Garrigues : A priori c'est légal, même si en réalité les avantages dont bénéficie un ancien Premier ministre relève d'une tradition, mais pas de textes légaux. On pourrait changer la règle. Le cas spécifique de Manuel Valls, qui sera en campagne en Espagne et qui reviendra en France, pose la question de cette tradition.
Si cela relève uniquement de la tradition, quels sont les droits des anciens Premiers ministres ?
Légalement, rien ! En réalité, ils ont droit à trois mois de salaire après leur sortie de fonctions sauf s'ils ont un autre mandat électif (...), à la protection par un agent, à un chauffeur. Cela relève d'une pratique, d'une tradition.
Les hommes politiques ont-ils pris de mauvaises habitudes ?
C'est encore plus flagrant pour les privilèges des anciens présidents de la République. Il y a un appartement, des employés, des collaborateurs, une voiture et deux chauffeurs, la retraite de conseiller d'État, le droit de loger chez des ambassadeurs ou des consuls, en France dans les préfectures. On voit le caractère monarchique de notre présidence sous la Ve République. Pour le Premier ministre, on peut considérer qu'il ne soit pas complètement anormal qu'une protection soit assurée. Il est vrai que ce sont des pratiques qui n'existent pas dans les autres grandes démocraties.
Combien cela coûte-t-il aux contribuables ?
Pour les anciens présidents, c'était évalué à plus de 10 millions par an. Ce n'est pas négligeable. C'est une dépense qui, pour la majorité des Français, résonne comme un privilège. Il faut faire un effort comme l'ont fait les parlementaires (…) Il faut aller vers un système qui ressemble aux démocraties exemplaires de l'Europe du nord.
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