Manuel Valls ne veut ni quitter le PS, ni se taire
La “Liaisons dangereuses” version parti socialiste ou quand la férocité du fond se cache sous la courtoisie des formes. Au “Mon cher Manuel” de la première secrétaire, répond aujourd'hui le “Chère Martine” du député-maire d'Evry. Les démonstrations d'amitié s'arrêtent là.
Tout comme Martine Aubry avant-hier (lire notre article), c'est dans l'acide que Manuel Valls a trempé sa plume hier pour répondre à la lettre de la première secrétaire qui l'enjoignait à cesser ses critiques publiques contre la direction du parti ou à quitter le PS. Ultimatum qui reçoit un “ni-ni” comme réponse, dans la plus grande tradition mitterrandienne : ni quitter le PS, ni mettre ses critiques en sourdine. S'il entend “bien rester fidèle à (son) poste, à (sa) famille politique et à (ses) valeurs”, mais “quel que soit le prix à payer, je ne me ferai pas le silencieux complice de l'aveuglement”, ajoute-t-il. Et les coups de pointes fusent : “machine à perdre” , “conception très datée du parti”, “profonde inquiétude”.
Candidat déclaré à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012, il dénonce un “procès d'intention”. Dans son entourage, on analyse le courrier de Martine Aubry comme une tentative de “faire de Valls un exemple pour les autres quadras du PS comme Montebourg”.
Dans ce qui est souvent présenté comme un conflit de génération, la ligne de partage n'est pas si claire. Si d'éminents éléphants comme Laurent Fabius saluent le rappel au “besoin d'unité” tombé comme la foudre du Beffroi de Lille, d'autres caciques, plus jeunes, comme Harlem Désir ou Benoît Hamon se rallient également à la ligne Aubry.
_ En revanche, le maire de Lyon, Gérard Collomb, ou le député royaliste Gaëtan Gorce restent sur une ligne plus critique envers la direction.
Quant à Arnaud Montebourg, le remuant député bourguignon, également dans le viseur du capitaine Aubry, il est à la limite de prendre le maquis. Partisan d'un référendum sur les primaires, il organise un “séminaire” le 27 août, veille de l'université d'été du PS. Et il a choisi la petite ville de Jarnac pour le faire. Clin d'œil à la mythologie mitterrandienne ou référence au fameux “coup” d'escrime, réputé imparable ? Un peu des deux sans doute. En tout cas, Manuel Valls pourrait bien avoir envie d'aller y réfléchir.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.