Madagascar : les Malgaches aux urnes pour le second tour
Le second tour des élections présidentielles a commencé. Les habitants de l'île de Madagascar vont devoir se choisir un président ainsi que 151 députés.
Les Malgaches élisaient vendredi leur président et leurs députés pour les cinq prochaines années avec l'espoir que ce premier scrutin démocratique depuis le coup de force de 2009 sortira leur pays d'une crise qui a durablement appauvri la majorité de la population.
Ni M. Ravalomanana, l'ex-président déchu, ni Andry Rajoelina, l'homme qui l'a renversé, n'ont pu se présenter, la communauté internationale craignant des troubles. Mais ils s'affrontent par candidats interposés, le médecin (et ancien ministre de la Santé) Robinson Jean Louis pour l'un, et le comptable (et ancien ministre des Finances) Hery Rajaonarimampianina pour l'autre.
Plus de 7,9 millions d'électeurs malgaches doivent également désigner 151 députés. Les 20.001 bureaux de vote de l'île, ouverts dès 06H00 (03H00 GMT), doivent fermer à 17H00, et peut-être plus tard s'il y a trop de monde. La journée, qui s'annonce pluvieuse, a été déclarée fériée.
Hery Rajaonarimampianina a voté peu après 09H00 à Antananarivo, sans faire de déclaration.
Robinson Jean Louis avait voté quelques minutes plus tôt à l'autre bout de la ville. "On dit en malgache: +Je ne peux pas danser tant que c'est pas fait+, donc je ne danse pas encore", a-t-il déclaré à l'AFP. "C'est un tournant dans l'histoire de Madagascar", a-t-il ajouté peu après.
Interrogé sur les risques de fraudes, il s'est montré confiant: "J'en ai parlé lors de mes meetings, mais actuellement je pense qu'il va falloir calmer le jeu sur ce sujet, parce que ça pourrait créer des animosités."
Les différentes missions d'observation déployées (Union européenne, Francophonie, Océan indien, Union africaine, Centre Carter, etc.) n'avaient pas encore fait de commentaires dans la matinée mais s'étaient montrées raisonnablement optimistes avant le scrutin.
"Il est un peu tôt pour se faire une opinion globale, mais pour le moment tout se passe bien", a tout de même déclaré vers 09H00 l'ancien président mauricien Uteem Cassam, qui dirige les observateurs de l'Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA).
Le scrutin est pour beaucoup l'indispensable premier pas qui permettra de sortir de la grave crise politique, économique et sociale dans laquelle Madagascar, mise au ban des nations, est plongé depuis l'éviction de M. Ravalomanana. Plus de neuf habitants sur dix vivent désormais avec moins de 2 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Dans les deux bureaux de vote de l'école primaire d'Ampandrana, dans un quartier populaire de la capitale Antananarivo, des files d'attentes importantes se sont formées dès l'ouverture, dans le calme. Ici, les électeurs doivent choisir entre 30 candidats pour les deux postes de députés de l'arrondissement, en plus de la présidentielle.
"Ce qui importe pour moi, c'est que je vais voter, Ca fait cinq ans que je sais pour qui je vais voter", notait Fanjatiana Ramanantsoa, arrivée très en avance.
"J'ai tellement envie d'avoir du changement, dans ce pays. depuis cinq ans, c'est vraiment horrible", ajoute-t-elle, laissant entendre qu'elle va voter --comme la majorité des habitants de la capitale, selon toute vraisemblance-- pour M. Jean Louis. Ce dernier veut rassembler les nostalgiques de l'ère Ravalomanana, président de 2002 à 2009 pendant une période de croissance relative dans la Grande Ile.
"C'est difficile de voir qui va être élu. Les Malgaches sont divisés", observait à côté Henri Rakotomalala, qui voulait voter avant la pluie.
Les premières tendances devraient se dessiner ce week-end. Faute de sondages, il est difficile de connaître les véritables aspirations des électeurs, qui ont voté à plus de 50% pour des candidats issus du camp Rajoelina au premier tour en octobre.
Mais ces derniers n'ont pas tous appelé à voter pour M. Rajaonarimampianina vendredi, alors que le camp de Marc Ravalomanana --qui vit en exil en Afrique du Sud-- s'est rassemblé autour de Robinson Jean Louis, à qui se sont également ralliés quelques transfuges.
Les deux partent d'assez loin, MM. Jean Louis et Rajaonarimampianina ayant réuni respectivement 25,16% et 15,85% en octobre.
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