"Nous n'avons aucune garantie, aucun texte, aucune transparence" : les algorithmes pour surveiller de potentiels terroristes inquiètent
Prévus dans un projet de loi présenté ce mercredi en Conseil des ministres, ces algorithmes, classés secret défense, inquiètent plusieurs associations de défense des libertés publiques qui dénoncent une surveillance de masse.
Le gouvernement veut renforcer la lutte antiterroriste et c'est en ce sens qu'en conseil des ministres mercredi 28 avril, Gérald Darmanin présente un nouveau projet de loi, fort d'un double objectif : mieux prévenir les actes de terrorisme et donner plus de moyens au renseignement. Sur France Inter le ministre de l'Intérieur a précisé mercredi matin que "depuis 2017, 35 attentats ont été déjoués sur le territoire national, dont deux grâce à des traces numériques". Si le projet de loi prévoit notamment l'allongement des mesures judiciaires de suivi jusqu'à cinq ans de certains sortants de prison condamnés pour terrorisme, la mesure la plus controversée est le recours aux algorithmes par les services de renseignement.
Les algorithmes, qui analysent les données des internautes, sont déjà expérimentés depuis 2015. La volonté est d'élargir leur utilisation. Et permettre à l’algorithme de donner l’alerte si par exemple un ordinateur se connecte à plusieurs sites djihadistes dans la même journée. Dans ce cas, les analystes de la DGSI prendront ensuite le relais pour évaluer la menace.
Certains dénoncent une surveillance de masse
L’objectif est de pouvoir identifier des personnes isolées, qui passent sous les radars des services de renseignement mais qui laissent des traces numériques de leur radicalisation. Plusieurs associations de défense des libertés publiques dénoncent une surveillance de masse. "On nous promet depuis 2015 que ces techniques ne seront jamais utilisées que contre les vrais terroristes, soupire Arthur Messaud, juriste à la Quadrature du Net. En pratique, nous n'avons aucune garantie, aucun texte, aucune information, aucune transparence sur ce que feront les algorithmes, alors même que l'Union européenne a dit que la loi française en matière de surveillance de masse était contraire aux libertés fondamentales garanties par l'Union européenne."
Le ministère de l’Intérieur nous explique qu’il est impossible de savoir comment sont paramétrés ces algorithmes, ni de connaître leur efficacité dans la lutte antiterroriste. Pour une raison simple : ils sont classés secret défense.
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