: Vidéo Élections européennes : "Il faut que l'Europe ait confiance en elle", selon François-Xavier Bellamy
"Nous sommes fragilisés de l'intérieur parce que nous ne savons pas dire qui nous sommes, ni ce qui nous relie les uns avec les autres", a affirmé François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains pour les élections européennes, jeudi lors du débat organisé par Radio France.
François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains pour les élections européennes du 26 mai, estime que l'Europe ne pourra relever des défis économiques que si elle a "confiance en elle et qu'elle sait qui elle est". Lors du débat organisé par Radio France à la Maison de la radio à Paris jeudi 23 mai, il a affirmé que nous étions "fragilisés de l'intérieur parce que nous ne savons pas dire qui nous sommes ni ce qui nous relie les uns avec les autres", a-t-il ajouté.
franceinfo : Vous souhaitez promouvoir les racines chrétiennes de l'Europe. Est-ce qu'il y a d'autres urgences dont il faudrait faire la pédagogie, par exemple la Chine qui rachète le port du Pirée ?
François-Xavier Bellamy : Je n'ai jamais évoqué seulement les racines chrétiennes de l'Europe. Elle est née en Grèce antique et effectivement, nous sommes les héritiers de cette histoire, qui s'est prolongée par la Rome et le monde latin, qui a fait le sens de l'État, le sens de l'autorité. Et ensuite par cette tradition judéo-chrétienne qui a traversé l'Europe. Dire cela, c'est aussi une manière de répondre aux défis que vous évoquiez. Oui, j'ai été au port du Pirée et j'ai échangé avec des acteurs de l'économie locale, avec les opérationnels de Frontex qui luttent contre l'immigration illégale.
Tout cela fait partie des défis que l'Europe doit relever. Pour le faire, encore faut-il qu'elle ait confiance en elle-même pour qu'elle sache, au fond, qui elle est. Ce qui fait la force de la Chine, ce n'est pas seulement son industrie, son économie, c'est aussi la confiance qu'ils ont dans ce qui les porte vers l'avenir. Nous sommes fragilisés de l'intérieur parce que nous ne savons pas dire qui nous sommes ni ce qui nous relie les uns avec les autres. L'Europe ce n'est pas seulement une administration, des traités, un projet, c'est cet élan magnifique. Si nous savons retrouver la force de cet élan, nous trouverons les moyens pour nous projeter vers l'avenir.
Qu'est-ce que l'humanisme a à gagner quand vous applaudissez un bateau arraisonné par les garde-côtes libyens et que ces femmes, ces enfants sont ramenés en Libye, une zone de non-droit ?
Qu'est-ce que l'humanisme gagne quand vous avez chaque semaine des mois d'été des morts en Méditerranée ? Ce qui cause ces morts aujourd'hui, c'est notre impuissance collective. C'est le fait que si vous mettez le pied sur le sol européen, vous avez toutes les chances d'y rester. Il faut mettre fin à cette impuissance. Nous devons accueillir ceux qui ont besoin de cette solidarité. Mais il y a une grande différence entre ça et subir des flux migratoires qu'on ne maîtrise pas. Nous laissons les réseaux de passeurs tendre à tant de jeunes en Afrique le miroir aux alouettes d'un Eldorado qu'ils ne trouveront pas s'ils arrivent en Europe. Qu'est-ce que l'humanisme a à gagner à la porte de la Chapelle (à Paris) et à Calais ? Est-ce que c'est ça notre fierté ? Ce n'est pas une façon d'accueillir.
Le jour où il sera clair qu'on ne rentre en Europe que si on y a été d'abord légalement autorisé, il n'y aura plus de morts en Méditerranée, mais en plus on n'emmènera pas tant de personnes dans ce cauchemar de la Libye. Ils y échouent parce qu'ils savent que c'est depuis la Libye qu'il faut partir si on veut avoir une chance d'arriver en Europe. Ce qui fait qu'ils sont réduits en esclavage, c'est que nous avons laissé se faire cette situation absurde, dans laquelle tant espèrent qu'ils vont pouvoir réussir à vivre en Europe. Si vous êtes éligibles à l'asile, il faut que vous puissiez le savoir avant votre arrivée en Europe en demandant l'asile dans un pays sûr et stable par lequel vous passerez. Si ce n'est pas le cas, que vous sachiez que vous ne pouvez pas venir en Europe. Ce jour-là, il n'y aura plus de morts en mer Méditerranée et l'humanisme y aura gagné.
L'instauration d'une taxe carbone aux frontières, vous y êtes favorable. Nathalie Loiseau et Yannick Jadot y sont favorables également. Est-ce que ça peut être un combat commun des représentants français au Parlement de Strasbourg ?
Pour être précis, nous défendons une barrière écologique à l'entrée du marché commun. C'est un tout petit peu plus compliqué qu'une simple taxe carbone. L'idée, c'est d'appliquer les mêmes règles à ceux qui importent en Europe qu'à ceux qui produisent en Europe. Quand vous produisez un bien industriel aujourd'hui en Europe, vous payez des quotas carbone pour le carbone émis dans la production. Le drame, c'est qu'on produit une concurrence déloyale, qui aggrave la crise écologique. Ceux qui importent en Europe ne paient pas les mêmes quotas carbone, donc leurs produits sont plus compétitifs et nous perdons nos capacités de production, nous aggravons ce monde de circulation perpétuelle qui crée la plupart de la crise climatique et nous encourageons une production écologiquement moins vertueuse. Il faut créer une barrière écologique pour s'interdire d'importer en Europe ce que l'on s'interdit de produire en Europe.
Deuxièmement, nous avons en effet fait le choix d'une campagne de projets, avec 75 propositions. Nous porterons bien sûr tout ce qui ira dans le sens de ces 75 propositions. Il faut que la voix de la France puisse être entendue de manière forte demain au Parlement européen. Nous avons dit depuis le début de cette campagne quelles étaient nos idées, quels étaient nos alliés. Nous sommes membres du PPE, l'un des groupes très forts du Parlement européen. L'un des enjeux, c'est d'arriver nombreux pour faire entendre la voix de la France au sein de ce groupe important, parce que c'est au sein de ce groupe que les choses pourront se réorienter.
Pour qui avez-vous voté au deuxième tour de l'élection présidentielle ?
Je ne le dirai pas. Ce qui compte, c'est de faire sortir la France de ce faux débat qu'on voudrait nous imposer. La stratégie qu'on voudrait nous imposer, c'est celle qui consiste à dire que chacun devrait choisir son camp entre monsieur Macron et madame Le Pen. C'est totalement absurde. J'ai publié un texte dans l'entre-deux-tours [de l'élection présidentielle] pour dire que le FN ne serait jamais notre avenir. Je le pensais hier, je le pense encore aujourd'hui. Mais c'est précisément parce que le FN ne sera jamais notre avenir qu'Emmanuel Macron est en train de le faire monter aujourd'hui.
Cette stratégie de croisade contre l'extrême droite, qui n'a jamais fonctionné, et qui n'a jamais servi qu'à faire de l'extrême droite le porteur de toutes les colères qui traversent notre pays sans pouvoir leur donner de traduction réelle, sans pouvoir faire qu'elles se transforment en espoir, elle condamne les Français à une forme de désespoir politique. Vous n'êtes pas obligés de choisir entre monsieur Macron et madame Le Pen. Nous sommes là pour proposer une alternative crédible qui pourra refonder l'Europe et reconstruire la France.
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