Primaire à droite : que peuvent espérer Alain Juppé et Nicolas Sarkozy du premier débat télévisé ?
Les deux favoris du scrutin s'affronteront frontalement jeudi soir pour la première fois de la campagne lors d'un débat télévisé. Le premier de trois confrontations entre les candidats.
A plus d'un mois du premier tour, le duel Alain Juppé-Nicolas Sarkozy concentre déjà, jeudi 13 octobre, toute l'attention pour le premier débat de la primaire à droite. Les deux favoris – le premier l'est d'ailleurs plus que le second, selon les derniers sondages – ont chacun des choses à perdre ou à gagner, mais pas forcément les mêmes. Inventaire.
Juppé veut "faire président"
"C'est sûr que pour Alain Juppé, il n'y a pas grand chose à gagner", reconnaît l'un de ses plus proches soutiens. Avec son statut de favori qui fait la course en tête dans les sondages, "il ne va pas prendre trois points grâce à ce débat".
Dans l'entourage du maire de Bordeaux, on espère plutôt qu'il saura tirer parti de la confrontation physique avec ses adversaires, en incarnant un "style présidentiel". Surtout après les quinquennats de Nicolas Sarkozy et Francois Hollande, qui auraient "ruiné" la fonction. "Si à la fin du débat, les gens se disent : 'il fait président' alors on aura gagné", veulent se persuader les soutiens du maire de Bordeaux.
Autre élément non négligeable pour Alain Juppé : cette émission peut donner une publicité extraordinaire au processus de la primaire. En 2011, presque cinq millions de Français avaient suivi le débat de la primaire de gauche, qui opposait notamment François Hollande à Martine Aubry. Une exposition majeure, non pas pour accroître la notoriété d'Alain Juppé mais pour attirer de nouveaux électeurs. Dans son entourage, on estime que plus la participation sera élevée, meilleur sera son score.
Sarkozy entend bien rappeler qu'il l'a été
C'est un atout dont l'ancien président va tout faire pour ne pas se départir : son statut d'ancien président. Autour de lui, sur le plateau du débat, il y aura d'ailleurs certains de ses anciens ministres ou des députés. Il est le seul à pouvoir se prévaloir de cette expérience et ainsi rappeler qu'il a été le patron.
Le risque est que ce statut unique s'efface au cours de l'émission, qui, dans la forme, mettra tous les candidats au même niveau : Nicolas Sarkozy comme Jean-Frédéric Poisson ou Jean-François Copé auront droit au même temps de parole. D'après la directrice de l'information de TF1, Catherine Nayl, celui-ci devrait avoisiner la quinzaine de minutes.
Sarkozy ne compte pas "changer la donne"
Distancé dans les sondages par Alain Juppé, Nicolas Sarkozy a besoin de relancer sa campagne. "Dans ce genre de débat, on sait qu'on peut perdre beaucoup, on ne sait pas bien ce qu'on peut gagner", confie un très proche de l'ancien président. Celui-ci estime cependant Nicolas Sarkozy particulièrement à l'aise dans ce genre d'exercice grâce à son expérience de président et de candidat à deux reprises à la présidentielle – "La gestion de la tension, il connaît, c'est un acquis formidable" –mais aussi de par sa personnalité – "Il y a une intuition à avoir, un instinct, une capacité d'anticipation du moment clef où dire les choses."
Si Nicolas Sarkozy livre une bonne prestation, sera-t-elle suffisante pour renverser la tendance ? Ce proche du candidat ne mise pas dessus : "Quand on regarde les débats passés, en France ou à l'étranger, on en dramatise toujours beaucoup l'enjeu en amont. Mais a posteriori, on se rend compte qu'aucun n'a réellement changé la donne."
Juppé se satisferait d'un "match nul"
"Il n'est pas du genre à commettre une grosse bourde, il connaît très bien son projet", se rassure Gilles Boyer, le directeur de campagne d'Alain Juppé. Voilà pour le fond. Mais pour la forme, Alain Juppé saura-t-il se départir de l'image qui lui colle à la peau, celle d'un homme froid, cassant, arrogant ? "Il en est conscient, bien sûr, et si on peut l'éviter, ce n'est pas plus mal. Mais la nature humaine étant ce qu'elle est, une phrase de trop est vite arrivée", résume, un brin fataliste, un parlementaire de son équipe.
Il s'agira donc pour le maire de Bordeaux de trouver le bon équilibre entre la défense et l'attaque : "Il faut aussi savoir taper un peu. S'il se fait allumer, il faudra qu'il réponde." La tentation, comme pour tout favori, pourrait être de jouer la prudence. "D'autres arrivent dans ce débat avec la nécessité impérieuse qu'il se passe quelque chose. Ce n'est pas notre cas. S'il y a match nul, ça me va très bien", dit un juppéiste. Un débat qui "sclérose" les positions actuelles, Alain Juppé n'est pas contre.
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