Mariage homosexuel et adoption, enjeux de l'entre-deux tours de la primaire à droite
Les questions de famille et d'adoption sont au cœur de l'entre-deux tours de la primaire à droite. François Fillon souhaite réécrire les règles d'adoption par les couples de personnes de même sexe... et se voit qualifier de "rétrograde" par son rival Alain Juppé.
"On rouvre la boîte de Pandore." Depuis que François Fillon est arrivé largement en tête au premier tour de la primaire à droite dimanche 21 novembre, l'inquiétude gagne une partie de la communauté LGBT. "Nous étions à peu près tranquilles sur la question du mariage pour tous, acquiesce Pierre, un habitant du quartier parisien du Marais. La crainte, c'est que la victoire de Fillon ranime ces manifestations et ces sentiments homophobes, qui étaient pourtant retombés."
Famille, adoption... Ces questions font partie des thèmes clivants de l'entre-deux-tours de la primaire. Car s'il est élu à la présidence de la République, François Fillon a dit vouloir réécrire la loi Taubira de 2013, en modifiant notamment le droit de la filiation. Ce positionnement lui a valu le soutien de Sens commun, mouvement issu de la Manif pour tous.
Le projet de François Fillon : interdire aux couples homosexuels les adoptions plénières
Le score de François Fillon "va conduire à s'interroger à nouveau sur l'intérêt supérieur de l'enfant d'être élevé par son père et sa mère", se réjouit Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, opposée à la loi Taubira. Mais le nouveau favori des sondages l'a clairement fait savoir : il ne compte pas abroger le mariage homosexuel. Et "les couples homosexuels pourront toujours adopter des enfants", souligne Bernard Debré, l'un de ses porte-paroles, qui dénonce les "mensonges" de l'entre-deux tours.
"La seule chose que François Fillon veuille faire, c'est de réécrire la loi sur l'adoption plénière, autrement dit l'adoption qui supprime les racines biologiques", précise le député de Paris. Le candidat veut ainsi garantir qu'un enfant adopté par un couple de personnes de même sexe puisse retrouver son père et sa mère biologiques.
Du côté d'Alain Juppé en revanche, pas question de toucher à la loi Taubira. Cette position lui a valu lundi soir le soutien de Gaylib, un mouvement LGBT de droite et du centre. "Tenter de rouvrir le débat sur l'adoption plénière, c'est ouvrir la porte à d'autres amendements qui reviendraient sur l'adoption et sur le mariage, estime Rémi Guastalli, président délégué de Gaylib. Il faut enterrer ce débat une bonne fois pour toute."
Il faut laisser l'homophobie et l'intégrisme à l'extrême droite
La stratégie d'entre-deux tours est claire. Pour rattraper son retard, Alain Juppé semble décidé à attaquer François Fillon sur sa vision de la société et tire à boulet rouge sur son rival présenté comme trop conservateur. Lundi soir, devant ses soutiens réunis dans son QG parisien, le maire de Bordeaux a décrit la vision de François Fillon sur la famille comme "extrêmement traditionaliste, pour ne pas dire un petit peu rétrograde."
Je me sens plus proche du Pape François que de Sens Commun et de la #ManifPourTous #JuppéPrésidentCest sur @France2tv #20H
— Alain Juppé (@alainjuppe) November 21, 2016
Dans les bars gays et sur les réseaux sociaux, la mobilisation s'organise. Des messages viennent rappeler le CV de François Fillon : son vote contre la dépénalisation de l'homosexualité en 1981, alors qu'il était député de la Sarthe, ainsi que son vote contre le Pacs en 1999. En 2013, il se déclare opposé au mariage homosexuel, pour lequel il avait réclamé l'organisation d'un référendum. Des références qui font oublier un peu vite qu'en tant que député de Gironde, Alain Juppé avait également voté contre le Pacs en 1999, et qu'il s'était positionné contre la loi Taubira en 2013.
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