Laurent Wauquiez a réalisé "une très bonne opération" à l'égard des militants LR
Le politologue Jean Petaux a estimé mercredi sur franceinfo que les enregistrements de Laurent Wauquiez serviront au président du parti Les Républicains à montrer qu'il est "le patron".
Jean Petaux, politologue et professeur à Science Po Bordeaux a estimé mercredi 21 février sur franceinfo qu'"il n'y a pas eu de piège" tendu à Laurent Wauquiez. Le chef du parti Les Républicains a même réalisé "une très bonne opération" selon lui à l'égard des militants avec la diffusion de ses propos chocs tenus devant les étudiants de l'EM Lyon dans l'émission "Quotidien" sur TMC. Laurent Wauquiez est revenu pour la première fois sur ces enregistrements, mardi soir, sur BFM TV. "J'assume tout" a martelé le président du parti Les Républicains et a annoncé qu'il compte porter plainte auprès du CSA.
franceinfo : Est-ce que cette explication de texte en mode "j'assume" suffira à clore cette séquence ?
Jean Petaux : Tout dépend à l'égard de qui, et quelle est la cible qui était visée par Laurent Wauquiez sur le plateau de Ruth Elkrief. À destination des militants LR et de ceux qu'il veut retenir, ou en tout cas de ceux à qui il veut montrer qu'il est le patron, je pense que c'est une très bonne opération.
Qui cherche-t-il à convaincre quand il revendique une parole libre ?
Ceux qu'il veut désormais être ses grognards [la Vieille Garde de Napoléon] ou en tout cas son bloc en béton, comme on pouvait en parler à l'époque communiste de l'autre côté du "Rideau de fer" quand on parlait du noyau dur. C'est-à-dire tous ceux qui ont besoin d'un chef d'une droite forte, et d'une droite qui ne pratique pas de repentance en permanence dans ses interventions, en particulier au niveau médiatique. Il a cogné très fort. Il l'a fait de manière peut-être un peu surprenante. Je fais partie de ceux qui considèrent que tout cela est une opération conçue. Il n'y a pas eu de piège. Il a trouvé un moyen qui applique le vieux slogan "mauvais buzz ou bon buzz, l'essentiel est du buzz".
Quand il tape aussi dans les médias, cela peut-il trouver aussi un écho dans cet électorat qui revendique une droite forte ?
C'est le syndrome populisme-dégagisme. Les journalistes sont considérés avec la même détestation [que les politiques]. Quand il rappelle l'affaire Fillon et qu'il dit que c'est à la fois un coup monté par Macron avec le soutien des journalistes qui n'ont qu'une envie, c'est de dézinguer les représentants de la droite, cela c'est très populaire à droite, et en particulier du côté des Fillonistes. Il y a là une écoute qui ne peut être que positive.
Dominique Bussereau a fait savoir qu'il quittait le parti Les Républicains. Certains élus locaux s'interrogent aussi comme le maire de Thionville, Pierre Cuny, qui annonce sa mise en retrait des Républicains. Est-ce que c'est représentatif de ce que pensent les élus LR aujourd'hui ?
Oui, parce que ces élus locaux en particulier, sont souvent à la tête d'équipes qui représentent toutes les sensibilités de la droite et du centre, ou même de certains conseillers municipaux qui veulent se réclamer de l'apolitisme. Il est tout à fait normal que certains élus, comme ces maires de villes moyennes, fassent part de leur ressenti très négatif. Mais [en plus de] la partie qui risque de quitter LR à la suite de l'épisode Wauquiez, il faut s'interroger pour savoir quel peut être aussi le morceau qui va se détacher du FN pour éventuellement revenir du côté de Wauquiez. Là on est dans une stratégie que l'on a connu en 2005-2006 quand Nicolas Sarkozy n'hésitait pas à draguer une partie de l'électorat FN. On a l'impression que certains personnages comme [Patrick] Buisson [ancien conseiller de Nicolas Sarkozy] ne sont pas loin d'inspirer, au moins dans l'esprit, la démarche de Laurent Wauquiez.
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