Les quartiers populaires ont voté à gauche et contre Nicolas Sarkozy
A l'issue du premier tour, François Hollande est arrivé largement en tête des suffrages dans les quartiers populaires. Un vote qui bénéficie aussi à Jean-Luc Mélenchon et qui est un vote sanction contre Nicolas Sarkozy.
Les quartiers populaires ont exprimé par une forte abstention leur désenchantement vis-à-vis de la politique et par un vote massif en faveur de la gauche leur rejet du président sortant, au premier tour de la présidentielle.
Hollande en tête
Dans de nombreuses villes populaires d'Ile-de-France, François Hollande (PS) a approché voire dépassé les 45% des voix, comme à Grigny (44,60%) et Courcouronnes (43,80%) dans l'Essonne ou dans les villes communistes de Saint-Denis (45,79%), La Courneuve (46,95%) et Bobigny (47,86%), en Seine-Saint-Denis.
"Il y a un vote de rejet, un besoin de changement", estime le maire UMP de Courcouronnes, Stéphane Beaudet, qui évoque "un vote utile, qui n'est pas un vote d'adhésion" pour le candidat Hollande.
Le phénomène est particulièrement visible dans le "9-3", où le candidat socialiste obtient 38,68% des suffrages, contre 34,17% des voix pour Ségolène Royal au premier tour de l'élection de 2007, tandis que Nicolas Sarkozy a dégringolé, passant de 26,85% au premier tour en 2007 à 19,48% en 2012.
Mélenchon en profite aussi
Le vote des quartiers populaires a aussi profité au Front de gauche, dont le candidat a su mobiliser les électeurs des milieux défavorisés.
A Rennes, dans le canton du Blosne, classé zone urbaine sensible, Jean-Luc Mélenchon (15,30%) ravit la deuxième place à Nicolas Sarkozy (14,40%) tandis que François Hollande (44,76%) trône en tête.
Dans le quartier de la Grande Borne à Grigny (Essonne), Jean-Luc Mélenchon obtient 26,01% des suffrages, derrière François Hollande (48,49%). Nicolas Sarkozy (9,05%) n'arrive qu'à la quatrième position, derrière Marine Le Pen (9,56%).
Le "désenchantement" des quartiers
Idem dans les quartiers nord de Marseille où Nicolas Sarkozy décroche une piètre quatrième position derrière Hollande, Le Pen et Mélenchon.
Pour Raphaël Liogier, professeur de sociologie à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, ces résultats illustrent le "vote sanction de ceux qui souffrent le plus de la crise. Plus on souffre, plus on vote anti-Sarkozy".
M. Liogier pointe aussi "la variable musulmane dans les quartiers nord" de Marseille: "il a pu y avoir à un moment donné un vote musulman en faveur de Sarkozy mais avec ce qui s'est passé au sein même de l'UMP, et notamment les sorties de Guaino, ce n'était plus possible".
En revanche, le scrutin a moins mobilisé les habitants des quartiers sensibles que le reste de la population: l'abstention a atteint 31,43% à Roubaix, dans le Nord, 32,2% à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis ou encore 29,04% dans le canton du Neuhof, qui concentre une grande partie des cités de Strasbourg. Au niveau national, l'abstention a atteint 20,53% au premier tour.
"La présidentielle reste une élection exceptionnelle, capable de mobiliser les électeurs mais ce n'est pas suffisant pour ces quartiers", analyse Céline Braconnier, sociologue spécialiste de la question.
Pourtant, en 2007, "la mobilisation était forte au niveau national et aussi dans ces quartiers, avec des processus d'entraînement, une dynamique qui avait réussi à sortir les gens de leur désintérêt".
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