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Les nouveaux habits présidentiels de Sarkozy

Confronté au premier échec électoral de son mandat, le chef de l'Etat ne devrait pas infléchir sa politique, mais l'accélérer. Après avoir procédé à un mini-remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy devrait surtout s'attacher désormais à adapter son style, pour le rendre plus présidentiel.
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Il avait promis "d’écouter ce que disent les Français". Selon un sondage Ipsos-Dell rendu public dimanche, 45% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy soit moins présent dans la définition et le suivi de la politique gouvernementale qu'il ne l'a été ces derniers mois. Et ils sont 58% à demander qu'il s'efforce "d'adopter un style plus présidentiel" selon CSA. C'est donc à l'Elysée qu'interviendront les "ajustements" post-électoraux les plus visibles. Le mot d'ordre y est la "présidentialisation" du chef de l'Etat, dont le style, les penchants "bling-bling", les emportements et l'exposition médiatique ont nourri le désamour des Français à son égard depuis quelques mois.

Son agenda pour cette semaine illustre cette volonté de revenir à une conception plus classique de sa fonction : hommage national aux "poilus" de la Grande guerre hier, aux maquisards de la Seconde guerre mondiale sur le plateau des Glières en Haute-Savoie, aujourd'hui, intervention sur la francophonie jeudi, ou lancement d'un sous-marin nucléaire lance-missile vendredi.

Le plateau des Glières. C'est dans ce haut-lieu de la Résistance qu'avait été prise sa dernière photo de campagne avant le second tour de la présidentielle. C'est là que Nicolas Sarkozy a décidé de se recueillir chaque année, en hommage aux 400 maquisards menés par le Résistant Tom Morel qui ont affronté en 1944 plusieurs dizaines de milliers de soldats allemands, avec une seule devise à la bouche "Vivre libre ou mourir". Le plateau des Glières, c'est le lieu de pèlerinage de la présidence Sarkozy, là où il a décidé de célébrer l'identité nationale. Sa "roche de Solutré". Ironie de l'histoire, le plateau des Glières est vierge de toute visite de chef d'Etat, François Mitterrand n'ayant fait que le survoler (en raison d'une neige trop abondante) en 1994.

Nicolas Sarkozy se voulait un chef d'Etat "engagé" plutôt qu'arbitre. Son activisme tous azimuts pendant les neuf premiers mois de son quinquennat lui a valu le surnom d'"hyperprésident" ou encore d'"omniprésident". Sans renoncer à être "réactif", il pourrait adopter un mode d'intervention plus sobre et moins brouillon, dans un souci de
"plus grande lisibilité et de pédagogie". Il pourrait également se résigner à laisser davantage de place à son Premier ministre, François Fillon, qui a pris un ascendant certain pendant la campagne municipale, alors que le Président restait lui-même en retrait. Reste à savoir si Nicolas Sarkozy parviendra à s'adapter et si le naturel ne reviendra pas au galop à la première occasion.

Anne Jocteur Monrozier

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