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"Les insultes et les violences" envers les élus, "c'est inacceptable", dénonce l'Association des maires de France

L'AMF demande des forces de l'ordre et une justice plus réactives, "pour redonner de la confiance dans la chose publique.".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gilles Leproust, maire communiste d’Allonnes, dans la Sarthe, et membre du bureau exécutif de l’Association des maires de France, le 20 novembre 2013. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

"L'engueulade et des échanges vifs, ça fait partie du débat démocratique, mais les insultes et les violences, c'est inacceptable", dénonce sur franceinfo Gilles Leproust, maire communiste d’Allonnes (Sarthe) et membre du bureau exécutif de l’Association des maires de France (AMF). Interrogé sur les 1 300 agressions, menaces ou insultes recensées contre des élus en 2020, il confirme sentir "une tension plus forte aujourd'hui", notamment liée à l'épidémie de Covid-19. Pour enrayer le phénomène, l'AMF demande au gouvernement une réaction plus rapide de la justice en cas d'agression d'un élu "pour bien montrer que ces situations ne sont pas acceptables".

franceinfo : Les agressions verbales ou physiques d'élus ont triplé en un an, cette donnée vous surprend-elle ?

Gilles Leproust : Pas forcément. Pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'il y a eu un renouvellement de mandats l'année dernière, donc je pense qu'il y a plus maintenant la volonté chez les élus de déposer plainte et de signaler lorsqu'il y a eu une agression verbale et encore plus une agression physique. Et puis je crois que deuxièmement, la situation de la Covid fait que ça tend les rapports humains et ça peut en conduire certains à avoir des comportements inacceptables.

Les maires ce sont des élus "à portée d'engueulade" comme le disent certains ?

Oui, mais "à portée d'engueulade", ce n'est pas ça qui est plus préoccupant. Non, là ce n'est pas d'engueulades dont il s'agit, ce sont des insultes graves qui peuvent aller jusqu'à des actes physiques. Pour les élus et pour leur famille, c'est inacceptable ! Des engueulades, j'en ai eu bien sûr, et parfois des insultes, chaque fois je relate les faits. Mais je sens que les choses sont plus tendues. Par exemple, il y a des habitants dans la ville, très minoritaires, qui refusent de me dire bonjour parce qu'ils ne sont pas d'accord avec un acte de la mairie ou telle chose. On sent une tension plus forte aujourd'hui incontestablement. Le débat, oui. L'engueulade et des échanges vifs, oui, ça fait partie du débat démocratique, mais ça doit s'arrêter là. Les insultes et les violences, c'est inacceptable.

Vous voulez dire que les relations se sont tendues depuis le début de la pandémie ?

Incontestablement. Il y a le fait qu'il y ait moins de vie sociale, que la vie associative dans sa diversité soit amoindrie. Je pense à la vie sportive, par exemple : au-delà du sport, ça permet de rencontrer ses copains et copines, quel que soit l'âge, de discuter, de demander comment ça se passe pour le petit dernier, etc. Aujourd'hui, ça n'existe plus.

"Il y a moins de soupapes, d'endroits où s'exprimer."

Gilles Leproust, maire communiste d’Allonnes, dans la Sarthe

à franceinfo

Donc on sent que ça tend les choses et parfois les rapports peuvent être beaucoup plus tendus avec un certain nombre d'habitants.

Estimez-vous utiles les formations organisées par les gendarmes pour permettre aux élus de mieux gérer les situations conflictuelles ?

Oui la formation, c'est important, cela peut être utile pour aider chacun des élus à mieux maîtriser cette situation. J'étais fonctionnaire territorial, j'ai fait de l'accueil, j'ai reçu dans ma carrière professionnelle des formations qui m'ont aidé à mieux appréhender quand il y avait des moments de tension. L'autre aspect important, l'AMF l'a d'ailleurs demandé au gouvernement et au ministre de l'Intérieur et au ministre de la Justice, c'est qu'il faut que ce genre de situations soient traitées très rapidement via une intervention de la police ou de la gendarmerie. Mais il faut également que la justice traite le plus possible en direct pour bien montrer que ces situations ne sont pas acceptables. Pour que la parole se libère, il faut un accompagnement. D'une manière plus générale, c'est vrai pour l'ensemble de la société, lorsque les habitants de nos communes subissent une agression il faut là aussi que la police, la gendarmerie et la justice soient réactives pour redonner de la confiance dans la chose publique.

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