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Les descendants de pieds-noirs sont moins à l'extrême droite que leurs parents

Dans une étude consacrée au vote pied-noir, l'Ifop note que les descendants de cette population française d'Algérie ont un comportement électoral différent de leurs parents. Il est moins marqué à l'extrême droite. Le centre n'a pas leurs faveurs.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Photo prise à Alger le 20 mars 1962 au lendemain de la proclamation du cessez-le-feu. (AFP)

Dans une étude consacrée au vote pied-noir, l'Ifop note que les descendants de cette population française d'Algérie ont un comportement électoral différent de leurs parents. Il est moins marqué à l'extrême droite. Le centre n'a pas leurs faveurs.

Existe-t-il encore un vote spécifique pied-noir ? Jérôme Fourquet, directeur de département à l'Ifop, et Esteban Pratviel, chargé d'études de cet institut, se sont posés la question. Pour y répondre, ils ont assis leur analyse sur un cumul d'enquêtes.

Il y a 50 ans, les accords d'Evian mettaient un terme à la guerre d'Algérie. Cet ultime conflit de l'histoire coloniale tricolore rejetait dans l'Hexagone une population - les pieds-noirs - qui garde aujourd'hui encore les stigmates économiques, sociaux et politiques de l'absence de reconnaissance dont elle avait été l'objet au début des années 1960.

Les pieds-noirs, combien de divisions serait-on tenté de dire ? "On recenserait actuellement 2,7% de personnes se définissant comme pied-noir. Elles représentent 1,2 million d'électeurs potentiels à la présidentielle de 2012, soit un effectif assez limité", écrivent les deux auteurs de l'étude.

"Une orientation assez droitière"

Mais si on examine cette communauté au sens large - parents, enfants et petits-enfants -, elle représente alors 7,3% des électeurs, soit 3,2 millions de votants potentiels. Un "contingent" électoral qui ne peut laisser indifférent aucun candidat tant ses "préoccupations peuvent devenir des enjeux significatifs dans la campagne présidentielle", notent MM. Fourquet et Pratviel.

Electorat senior, les pieds-noirs de la première génération sont, sans surprise, surreprésentés dans l'électorat du sud de la France (Languedoc-Roussilon, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées et Aquitaine). A l'inverse, cette communauté est sous-représentée en Picardie et en Bretagne.

Compte tenu de son histoire, il n'est pas étonnant que la communauté pied-noir ait "une orientation assez droitière", écrivent les auteurs... dans un sorte d'euphémisme. Ainsi, en 2007, Jean-Marie Le Pen avait-il recueilli 18% de leurs suffrage - environ 8 points de plus que son score national - et Nicolas Sarkozy, 31%, soit l'équivalent de son résultat du premier tour.

En face, Ségolène Royal faisait 20,5% contre 25,8% sur le plan national. Mais c'est surtout François Bayrou qui enregistrait un fort déficit : 7% du vote des pieds-noirs contre un score global de 18,6%.

Une enquête "sortie des urnes" de 2002 conduisant à des conclusions encore plus accentuées en faveur de M. Le Pen et de son rival d'extrême droite, Bruno Mégret.

"La transmission générationnelle de vote n'est pas établie"

Alors que 2012 annonce le 50e anniversaire des accords d'Evian (1962), les rapports de force marquent une légère évolution par rapport aux résultats de 2007. Marine Le Pen occupe la première place dans le coeur des pieds-noirs (28% des intentions de vote) devant le président sortant (26%) qui fait jeu égal avec le candidat socialiste. Les représentants centristes étant toujours à la traîne.

Phénomène intéressant relevé par les experts de l'Ifop, "la transmission générationnelle de vote n'est pas établie". Autant le vote des parents est majoritairement droitier au sens extensif (54% d'intentions de vote pour Mme Le Pen et M. Sarkozy), autant celui de leur descendants est beaucoup plus modéré et recentré (39% globalement pour ces deux personnalités).

Il n'en demeure pas moins que le tropisme d'extrême droite reste puissant chez les descendants : 24% d'intentions de vote pour Mme Le Pen (score supérieur à son étiage national actuel). A contrario, M. Sarkozy est le grand perdant avec 15% d'intentions de vote chez les "jeunes" pieds-noirs (contre 22,5% pour l'ensemble des inscrits).

Le recul du président sortant est d'autant plus marquant que François Hollande recueille 31% d'intentions de vote chez les descendants de cette communauté, soit deux fois ce qui est promis à M. Sarkozy, soit un score supérieur aux prévisions globales actuelles du candidat socialiste, soit 7 points de mieux que la candidate d'extrême droite.

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