Les défis du deuxième débat
Il arrive aux médias de se surprendre eux-mêmes, et cela tout particulièrement lorsqu'ils se frottent à l'exercice démocratique.
Sous le label Maastricht, un referendum européen a laissé de ce point de vue les traces d'une certaine stupéfaction journalistique. C'était il y a 19 ans et la corporation constatait, déconcertée, la très faible majorité accordée au « oui ».
En publiant, le 15 septembre dernier, le débat des primaires à gauche à une heure de grande écoute, le service public laissait pantois la sphère médiatique. Le succès d'audience dépassait toutes les prévisions, près de cinq millions de téléspectateurs. De même la communauté numérique accompagnait massivement les échanges entre les six candidats. La France découvrait qu'elle pouvait parler politique presque sereinement et qui plus est, en grand nombre. Les médias restant interdits devant la relativité de leur appréciation de l'intérêt collectif.
Voici que se présente un deuxième acte à la pièce présidentielle, tout au moins à son préambule. Cette fois, l'heure du rendez-vous est avancée à 18 heures. Et l'on promet plus de deux heures d'échanges. Nul doute que radios et supports numériques ne manqueront pas d'être mis à contribution, histoire de savoir où « ils » et « elles » en sont avant de quitter le travail et de rejoindre la cellule familiale.
En se présentant pour la deuxième fois devant les français « les six » auront certainement à cœur de peaufiner, creuser, marteler leur spécificité. A 20 heures, les journaux télévisés reprendront les morceaux choisis de chacun, et comme cela, la sphère médiatique donnera son regard sur l'évènement (qui ne sera alors certainement pas encore terminé). Le numérique prolongera la conversation citoyenne jusqu'à épuisement des débatteurs d'un soir…. A moins que ce scénario ne soit démenti par l'imprévu du soir, la surprise démocratique de la controverse en direct, ou encore l'audience et son caractère énigmatique bref, ce qu'une fois de plus nous n'aurons pas vu venir. Et c'est un bien.
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