Le Front national s'impose à Brignoles (Var). Son candidat, Laurent Lopez, a remporté dimanche 13 octobre la cantonale partielle organisé dans ce canton du Var avec 53,91% des voix (5 031 voix), contre 46,09% (4 301 voix) pour sa rivale de l'UMP Catherine Delzers.
"J'observerai le travail de Laurent Lopez au conseil général", a déclaré cette dernière en reconnaissant sa défaite."Je pense à mes électeurs, à tous ces bannis, à ce peuple modeste", a réagi de son côté le nouvel élu. "Je suis très heureux, c'est un score sans ambigüité", a-t-il encore ajouté, indiquant que son objectif était désormais "de conquérir la mairie" de Brignoles.
Voici ce qu'il faut retenir de ce scrutin.
L'échec du "front républicain"
Malgré une participation en nette hausse, à 47,47% contre 33,40% au premier tour, soit 14 points de plus, Catherine Delzers n'est pas parvenue à inverser la donne. Il faut dire que la candidate UMP, avec 20 points d'écart au premier tour (20,8% contre 40,4% pour Laurent Lopez), partait de loin. D'autant qu'avec les voix de Jean-Paul Dispard, le candidat FN dissident (9,1% des suffrages), l'extrême-droite frôlait la barre des 50%. Si l'écart de voix s'est réduit au second tour, il reste effectivement "sans ambiguïté".
La gauche, divisée sur les raisons de son élimination, avait appelé au front républicain pour "faire barrage au FN". Le PS n'avait pas présenté de candidat, préférant soutenir dès le premier tour le candidat PCF, Laurent Carratala, qui n'a recueilli que 14,6% des voix au premier tour. Pour la présidente du FN, Marine Le Pen, la victoire de son candidat signe "la mort du front républicain". David Assouline, sénateur PS interrogé par France 2, reconnaît que l'appel au front républicain n'a pas été suffisant :
Une première défaite de l'UMP en duel face au FN
Comme le relève Gilles Boyer, conseiller politique d'Alain Juppé sur Twitter, "c'est la première fois dans l'histoire de ces deux partis que l'UMP perd en duel face au FN". Le parti dirigé par Jean-François Copé n'existe en effet que depuis 2002.En revanche, le FN a déjà gagné contre la droite, comme le rappelle Joël Gombin, chercheur en science politique et spécialiste du Front national, contacté par francetv info. C'était en 1994, dans le Var. "Eliane de la Brosse avait remporté l'élection contre Maurice Arreckx, président du conseil général UDF", souligne-t-il.
Il n'empêche. Forts de cette percée du FN à Brignoles, Marine Le Pen et Florian Philippot, le vice-président du parti, assurent que le FN est en train de devenir le premier parti de France. Un argument balayé par l'UMP. Le Front national "arrive troisième en règle générale", "ce n'est pas parce que Madame Le Pen proclame n'importe quelle ânerie que ça devient une vérité", avait réagi Christian Jacob, patron des députés UMP.
Le second conseiller général FN sur 4 000
Cette élection était organisée après deux annulations, en 2011 et en 2012. En mars 2011, le candidat communiste Claude Gilardo avait perdu contre Jean-Paul Dispard (FN) de cinq voix. En 2012, il avait pris sa revanche, en l'emportant avec 13 voix d'avance.
A cinq mois des municipales, alors que la gauche a perdu huit législatives partielles et trois cantonales en un an, cette énième élection a été surveillée de près par les états-majors politiques. Le Front national y a gagné son deuxième siège sur 4 000 conseillers généraux dans le pays.
Le PS appelle la gauche à se rassembler, l'UMP la rend responsable de la situation
Le Premier secrétaire du PS Harlem Désir a aussitôt rappelé "à la gauche l'impérieuse nécessité de son rassemblement dans les territoires" où le FN est fort. "Il ne devient pas pour autant, et loin de là, le premier parti de France comme l'ont clamé ses dirigeants cette semaine", écrit encore Harlem Désir dans un communiqué.Mais "il confirme cependant son enracinement dans un canton qu'il avait déjà emporté en 2011", admet-il.
Jean-François Copé, la victoire du FN à Brignoles est le résultat d'une "double peine: la gestion désastreuse de la ville par les communistes" et "la gestion calamiteuse de notre pays par la gauche". Le président de l'UMP prend rendez-vous avec les "électeurs de Brignoles pour les municipales (en 2014) où notre candidate, la députée Josette Pons, portera les couleurs d'une droite décomplexée qui viendra donner un nouvel élan à cette ville sinistrée par les ravages de la politique de la gauche".
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