Le Parti socialiste somme Jean-Noël Guérini de démissionner, il refuse aussitôt
Le Parti socialiste a demandé une nouvelle fois à Jean-Noël Guérini de démissionner de la présidence du conseil général des Bouches-du-Rhône en raison de sa mise en examen dans une affaire de marchés publics frauduleux. Il persiste à refuser.
Le bureau national du Parti socialiste a décidé mercredi de sommer Jean-Noël Guérini, homme fort de sa puissante fédération des Bouches-du-Rhône, de démissionner de la présidence du conseil général de ce département.
M. Guérini est impliqué dans une affaire de marchés publics illégaux. Il a été mis en examen le 8 septembre pour "association de malfaiteurs, prise illégale d'intérêt, trafic d'influence", et a immédiatement répondu qu'il ne démissionnerait pas.
"Il est hors de question que je démissionne. Personne ne peut me démissionner. Je suis innocent. Je ne comprends pas que mon parti puisse revendiquer la violation de la présomption d'innocence et que le candidat socialiste à la présidence puisse en arriver là", a-t-il dit au site internet de La Provence, taclant au passage François Hollande.
Benoît Hamon, porte-parole du PS, a affirmé jeudi que la direction du parti "regrett(ait)" le refus de Jean-Noël Guérini de démissionner de la présidence du conseil général des Bouches-du-Rhône, mais qu'elle n'avait "pas le pouvoir" de l'y obliger. Je rappelle qu'il est présumé innocent et que c'est pour cela qu'il ne pouvait pas être exclu du Parti socialiste", a-t-il aussi dit.
S'ôter une épine du pied à 6 mois de l'élection présidentielle
"Le Bureau national lui a demandé de se mettre en retrait de toutes ses activités du PS pour ne pas gêner le PS", a expliqué Jean-David Ciot, secrétaire fédéral du PS dans les Bouches-du-Rhône. M. Ciot a dit penser que la question avait été posée "d'un commun accord entre François Hollande et Martine Aubry".
Le candidat qui convoite le fauteuil de l'Elysée et la première secrétaire s'étaient vus durant une heure avant la réunion du Bureau national. M Hollande avait déjà exprimé sa volonté de voir M. Guérini démissionner début septembre. A six mois de l'élection présidentielle, le PS tient à s'ôter cette épine du pied.
Son cas a fait l'objet de querelles internes au PS, un rapport d'Arnaud Montebourg très sévère sur les pratiques de la fédération locale ayant dans un premier temps abouti à des demi-mesures, la patronne du parti Martine Aubry soutenant Jean-Noël Guérini en invoquant la présomption d'innocence.
La situation du sénateur des Bouches-du-Rhône a également été pointée du doigt mercredi à l'Assemblée nationale par le député UMP Renaud Muselier et la ministre Valérie Pécresse, qui ont fustigé l'attitude du PS, en s'interrogeant sur la nécessité de protéger l'argent des contribuables pendant l'enquête judiciaire.
La justice reproche différents éléments à Jean-Noël Guérini, dont le frère Alexandre, entrepreneur dans les déchets, a été mis en examen fin 2010 et a passé cinq mois et demi en détention provisoire dans le cadre de cette vaste affaire à tiroirs dans laquelle une vingtaine de personnes sont déjà mises en cause.
Réunion du PS à Marseille vendredi
Le 25 octobre, M. Guérini a décidé de reprendre la présidence du conseil général des Bouches-du-Rhône, la justice ayant suspendu un arrêté par lequel il avait délégué ses fonctions à la tête de la collectivité, sans en démissionner.
Une réunion du groupe PS au conseil général est prévue vendredi à Marseille. "Jean-Noël Guérini est aujourd'hui face à sa conscience personnelle. Est-ce qu'un homme seul peut tenir contre tous? Il est le seul qui puisse décider de partir parce qu'il estime qu'il porte atteinte à son parti et à l'institution", a indiqué Marie-Arlette Carlotti, conseillère générale et porte-parole de François Hollande dans le département.
Voir le reportage d'Hélène Hug sur France2 le 3 novembre 2011
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