Le parti radical soutient Nicolas Sarkozy mais Jean-Louis Borloo n'ira pas à Villepinte
Samedi 10 mars, le parti radical, réuni en congrès, a apporté un soutien conditionné à Nicolas Sarkozy. Mais Jean-Louis Borloo ne se rendra pas au meeting UMP de Villepinte dimanche, attendant d'écouter le discours pour se prononcer définitivement.
A l'hôtel Marriott, où se sont réunis les délégués du parti radical toute la journée, la moquette, très années 70, arbore des motifs circulaires et kaléidoscopiques des plus hypnotiques. Une certaine complexité géométrique à l'image de la position adoptée par le parti de Jean-Louis Borloo: un oui sous condition à Nicolas Sarkozy.
"Oui... si"
"J'ai adoré que les journalistes disent qu'on s'engueule. Cela montre la complexité de notre mouvement", s'écrie M. Borloo à la tribune. Car toute la journée, les débats ont été vifs entre partisans et adversaires d'un soutien à Nicolas Sarkozy.
"On a secoué le cocotier", témoigne une militante, représentante d'une base moins encline que ses têtes à se rallier à Nicolas Sarkozy.
Pendant le déjeuner, une motion de synthèse a été trouvée que résume ainsi le député de Valenciennes: "oui, à une coalition et à un partenariat mais non à un alignement sans condition". Motion aussi rebaptisée en "oui si" ou encore de "soutien vigilant".
Pour résumer, M. Sarkozy doit infléchir son discours droitier, s'il veut avoir le soutien total des radicaux de droite.
Motion adoptée à 76%
La motion présentée obtient 76% des voix. "La motion de synthèse avait pour but prioritaire de sauvegarder l'unité du parti", commente Didier Bariani, ancien élu parisien qui vient du MoDem.
"Ca se termine mieux que ça n'avait commencé. Mais de l'extérieur,cela va apparaître comme un pas en avant et trois pas en arrière", juge Yves Jégo, député de Seine-et-Marne et partisan d'un soutien plus affirmé à Nicolas Sarkozy.
"Moi ça me va. Ce n'est pas un blanc-seing", tente de convaincre un militant à une adhérente moins convaincue à la sortie.
Borloo n'ira pas à Villepinte
Le parti radical place donc Nicolas Sarkozy sous observation. C'est ainsi que M. Borloo explique son absence demain au meeting UMP de Villepinte.
""Fondamentalement, je ne souhaite pas être à Villepinte demain. Pour quelle raison ? Pas pour dire que je boude, pas pour faire ma mijorée. Mais j'ai besoin d'entendre ce discours fondateur avant de vous engager dans votre choix. Ca ferait perdre toute crédibilité à notre vigilance, c'est aussi simple que ça", lance-t-il à la tribune.
Si M. Borloo n'ira pas à Villepinte, il sera sans doute devant son poste de télévision. Il jugera si le discours de M. Sarkozy est "inquiétant ou rassurant". Il promet ensuite de décider du choix du parti lors d'un bureau politique, "car on ne peut pas réunir un congrès tous les jours", mais sans autre précision de date.
Rama Yade s'abstient
Rama Yade est sur la même longueur d'onde au final. Pourtant, dans la matinée, elle était la figure qui incarnait l'opposition à un ralliement au président de la République.
Elle s'abstient lors du vote de la motion de synthèse mais estime que "celle-çi va dans le bon sens". "Ce matin, c'était un ralliement sans condition, cela n'allait pas. Là, nous verrons au fil de la campagne pour confirmer ou pas notre soutien", explique-t-elle.
A titre personnel, elle souhaite attendre les prochaines semaines pour décider de son choix, ainsi qu'elle le confie dans un entretien au Monde.fr.
André Rossinot, président d'honneur du parti, vient la chambrer devant quelques journalistes. "C'est le choix de la raison Rama.Toi aussi tu verras, tu vas finir par voter Sarko"; glisse-t-il en passant.
La tentation Bayrou
Dans la matinée, quelques militants ont plaidé pour un soutien à François Bayrou. M. Bariani est de ceux-là. "M. Sarkozy ne pourra pas remplir les conditions qu'on lui pose. François Bayrou est le seul candidat centriste. C'est le plus proche de nous", explique-t-il.
Mais l'ancien maire du XX ème arrondissement n' a pas voulu présenter de motion pour ne pas affaiblir son parti. Selon lui, le soutien à M. Bayrou aurait représenté 1/3 des voix.
Aujourd'hui M. Borloo a tenté de sauver l'unité de son parti sans rompre les liens avec Nicolas Sarkozy et l'UMP. Un exercice d'équilibriste dans la grande tradition radicale.
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