Le Parti de gauche (PG) a désigné samedi à l'unanimité Jean-Luc Mélenchon pour représenter le front de gauche en 2012
Au lendemain de l'annonce de sa candidature, et sans surprise, le tonitruant eurodéputé a reçu l'aval des quelque 200 délégués du PG réunis lors d'un conseil national, à Paris.
Une première étape. La seconde est assumée: sortir des cantonales "avec un score à deux chiffres" afin d'aborder la présidentielle sous les meilleurs auspices.
Crédité de 5 à 10% d'intentions de vote selon les sondages, Jean-Luc Mélenchon s'est lancé officiellement dans la course Elyséenne. Doté de qualités de tribun hors pair et d'un sens indéniable de la répartie, il développe avec conviction un programme clair et structuré. Caricatural et irréaliste raillent ses adversaires.
Il n'empêche. Il porte la colère sociale mieux que beaucoup d'autres et reste le mieux placé pour porter la voix d'une "autre gauche", si l'on considère l'histoire des trente dernières années du Parti communiste français comme celle d'un long déclin.
L'homme n'est pourtant pas de roc. Il le reconnaît. La caricature de Plantu le représentant aux cotés de Marine Le Pen sous la légende "l'ascension des néo-populismes" l'a quelque peu ébranlé. Mais l'homme est ainsi fait. Il en ressort plus combatif et déterminé que jamais.
Pour Jean-Luc Mélenchon, la question sociale passe par le chemin de la démocratie. D'où son programme, partagé par les trois partis du Front de gauche que sont le PCF, le PG et la gauche unitaire, qui se décline en trois volets.
Acte 1: la démocratie
D'abord, "la refondation républicaine (...) c'est-à-dire l'élection d'une assemblée constituante comme l'ont fait tous les peuples de l'Amérique du Sud lorsqu'ils ont voulu changer leur destin".
Puis s'ensuit la redistribution des biens accumulés.
Acte 2 : le partage des richesses
L'eurodéputé le martèle: "Nous allons éradiquer la précarité, c'est-à-dire la peur du lendemain". A l'appui de cette allégation, un engagement concret : "Pour commencer, nous allons titulariser les 875.000 personnes qui n'ont pas de statut stable dans les trois fonctions publiques, hospitalières, d 'Etat et locales."
Jamais en mal d'inspiration, l'ancien sénateur socialiste a le sens de la formule. Clamant qu'il "faudra aller reprendre les 195 milliards qui sont passés des poches du travail à celles du capital", il annonce: "Nous allons instaurer le cercle vertueux du partage" et prévient dans la foulée: "Mesdames et Messieurs les puissants, comptez les jours. Lâchez tout, tout de suite" car "ce que vous n'aurez pas donnez de bon gré, vous devrez le lâcher de force, par la loi, la loi qui dira dorénavant en France il y a un salaire maximum."
Rires dans la salle. Et audience conquise, prête à ratifier le troisième acte, celui de la planification écologique.
Acte 3 : la transition écologique
Une fois le capital "affronté", il faudra passer à un autre modèle, explique Jean-luc Mélenchon. "La république française peut être la première des républiques du monde qui aille au bout de la logique d'un autre modèle de production assis sur le progrès humain et le progrès écologique."
Et après le dessein, le retour au réel: "Nous affirmons qu'on peut sortir" du nucléaire "naturellement, dans les délais qui seront imposés par les exigences de la technique et des besoins."
La Tunisie en exemple
Le leader du PG le dit régulièrement. L'expérience et les exemples des autres pays du monde, Amérique latine en tête, l'inspirent. Lui servent de caution, même parfois. Les récents événements du Maghreb ne dérogent pas à la règle.
"Mes amis, la révolution en Tunisie n'est pas qu'une affaire tunisienne. Ceux qui ont lutté et qui luttent, ceux qui sont morts et qui meurent encore, meurent pour la liberté des tunisiens mais d'une manière générale pour la liberté de tous ceux qui souffrent de la tyrannie (...) Ce qui nous porte, c'est que les peuples donnent le signal de la lutte, proclame le leader du PG."
"J'ai lu dans un grand quotidien de référence, qu'il y avait un risque de contagion. Eh bien non, il y a une chance de contagion."
Tout est dit. Enfin presque.
Reste un ultime message qui pourrait bien, au fil des semaines, se muer en percutant slogan de campagne.
"Je vous interdit de venir avec des pancartes avec mon nom inscrit dessus. Je vous supplie de ne pas m'exposer à ce ridicule. Ne criez pas Mélenchon, Président. Si vous voulez vraiment crier quelque chose, alors criez pour vous-mêmes, Mélenchon, présidons."
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