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Le pacte européen qui divise la gauche

Dans un mois, les députés français devront se prononcer sur le traité budgétaire européen. Un pacte négocié par Nicolas Sarkozy et complété par François Hollande qui réveille de vieilles divisions au sein de la nouvelle majorité.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Philippe Wojazer Reuters)

Il y a sept ans, la gauche
était dans l'opposition et le débat sur le référendum européen de 2005 avait
déjà créé une scission entre les partisans du oui et du non. La gauche du PS
reprochant à l'Europe d'être trop libérale. 2012, sept ans plus tard, la
situation semble se reproduire mais, cette fois la gauche est au pouvoir et doit faire adopter
le traité européen, qui impose une plus grande rigueur budgétaire. Au sein de
la majorité, plusieurs parlementaires socialistes se sont déjà désolidarisés et affirment
qu'ils voteront contre.

"Stratégie débile d'austérité
généralisée"

L'une des premières parlementaires à avoir ouvertement déclaré qu'elle ne
voterait pas pour le traité est Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de
Paris. Elle estime qu'un "petit endettement n'est pas un drame en soit" ,
craignant que cette austérité ne soit pas passagère mais "à vie" . Pour
la sénatrice, ce pacte est une "stratégie débile d'austérité généralisée" .

Autre dissident à l'intérieur de la majorité, le député de Seine-Saint-Denis et
membre de l'aile gauche du PS, Razzy Hammadi, "ce dont je suis sûr, c'est
que je ne le voterai pas. Je reste attaché à l'espoir que des évolutions sont
encore possibles"
. Interrogée par France Info, le député de l'Essonne
Jérôme Guedj
demande lui une concertation de la majorité sur le pacte européen de
stabilité et explique que c'est pour cela qu'il va voter contre.

Le gouvernement veut
rassembler ses troupes

L'exécutif met la pression sur l'aile gauche du PS, à commencer par le Premier
ministre, Jean-Marc Ayrault. Il veut réconcilier les Français et l'Europe.
Ce n'est pas Bruxelles qui impose le tempo car "la voix de la France pèse", selon le Premier ministre. La ratification de ce traité européen n'est qu'une
étape et il n'y a pas de débat à avoir là-dessus.

Après le Premier ministre, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères a lui invoqué l'intérêt du traité et souligne les risques de nouvelles crises en
Europe. Plus dur dans le ton, Bruno Le Roux, le président du groupe PS l'Assemblée,
a fait acte d'autorité déclarant qu'il n'y a pas "de liberté de vote" pour les députés socialistes, "le non est une impasse, j'attends des
députés socialistes qu'ils se rassemblent et affichent un soutien massif au
président de la République"
.

Les Verts et le Front de
Gauche en discussion

Malgré une majorité
absolue à l'Assemblée nationale, les socialistes craignent également un
vote négatif de certains de leurs alliés comme Europe Ecologie-les Verts
(EELV). Le parti écolo va se réunir les 22 et 23 septembre pour adopter une position
commune mais certains élus ont déjà annoncé qu'ils s'y opposeraient, notamment
le sénateur Vincent Placé. Il ne compte pas se faire dicter sa conduite par le
gouvernement. Pour lui un vote négatif n'affaiblirait pas François Hollande. Il
défend aussi "un non fédéraliste argumenté" .

Les Verts doivent aussi rencontrer mardi le Front de Gauche pour en discuter. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a été clair : "non au traité. Nous appelons à une grande manifestation
nationale pour un référendum"
. Le rassemblement est prévu le 30
septembre.

Face à une opposition verte-rouge, le gouvernement pourrait bien trouver des alliés du côté de l'opposition. Lundi sur France Info, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a déclaré qu'il voterait le traité européen de stabilité budgétaire.

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