Le nouveau secrétaire d’Etat à la ville n’a "jamais cru au plan Marshall des banlieues"
Promis par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle en 2007, le "plan Marshall" pour les banlieues n’a de Marshall que le nom. Trois ans plus tard, la pauvreté et le chômage restent à des "niveaux élevés" dans les quartiers sensibles, et le plan "Dynamique espoirs banlieue" lancé en grande pompe en 2008 est "livré au bon vouloir des ministères de droit de commun" faute d'un "pilotage interministériel", dénonce un rapport parlementaire publié le mois dernier.
Il y a bien eu quelques avancées, comme l’ouverture au début de l’automne d’un commissariat de police à Clichy-sous-bois/Montfermeil, hautement symbolique. Un commissariat, enfin, après trente ans de revendications. Pour le maire PS de Clichy, Claude Dilain, "c’est une des premières preuves du retour de la République", déclarait-il il y a quelques semaines sur notre antenne.
Clichy-sous-Bois, l’une des villes les plus pauvres de France, victime comme tant d’autres de son enclavement, du chômage qui persiste, des échecs scolaires à répétition, du mal-logement, de la pénurie des services publics… L’urgence dans les banlieues françaises n’est pas que sécuritaire, loin s’en faut. En mai dernier, les élus locaux lançaient un nouveau cri d’alarme. Dans une " lettre à ceux qui ignorent les banlieues ", ils demandent à qui veut bien l’entendre : "Faudra-t-il de nouvelles émeutes pour que les pouvoirs publics s'intéressent à nos villes et à ceux qui y vivent ?"
Maurice Leroy n'a donc fait que dire ce que tout le monde sait depuis des mois. "La politique de la ville dépasse les clivages politiques. Elle n'a de sens que dans la continuité", a déclaré hier soir le nouveau secrétaire d'État à la Ville lors de la passation de pouvoir avec Fadela Amara. Maurice Leroy qui affirme cependant n'avoir jamais cru à un "plan Marshall pour les banlieues", ni aux "effets d'annonce".
Écartée du nouveau gouvernement, Fadela Amara dénonce, elle, une nouvelle fois, le "poids des inerties et du sectarisme politique" qui ont ralenti l'action qu'elle entendait mener pour les banlieues. L'ex secrétaire d'Etat, qui a par le passé qualifié le Premier ministre François Fillon de "bourgeois de la Sarthe" entouré de conseillers qui seraient "complètement à l'ouest", a maintenu hier soir ses critiques dans le journal de 20 heures sur France 2. "Je voulais qu'on comprenne que les couches populaires souffrent et je voulais que ce soit entendu. Je ne regrette pas. Je pense qu'à Matignon, ils étaient régulièrement autistes sur les sujets de la politique de la ville. Le Premier ministre ne tenait pas les engagements qui avaient été pris", a-t-elle justifié. Un Premier ministre qui a implicitement reconnu cet échec en annonçant en mai dernier qu'un projet de loi viserait à rééquilibrer les aides entre quartiers pauvres et moins pauvres... en 2011.
Cécile Mimaut, avec agences
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