Le mouvement né de la fusion des Verts et d'Europe Ecologie s'appelle "le rassemblement Europe Ecologie-Les Verts"
"Le nom de notre nouveau mouvement commun a été adopté par 53,19 % des voix", a indiqué à Lyon Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts.
Ce sont les militants qui ont voté pour ce nom, délaissant "Alternative écologiste", "Mouvement de l'écologie politique", "Mouvement écologiste unifié" et "Rassemblement des écologistes".
Cécile Duflot vise "la conquête de la majorité" avec le nouveau parti né de la fusion des Verts et d'Europe Ecologie.
"On ne sera pas une force de contestation" a déclaré sans complexe Cécile Duflot samedi à la cité des congrès de Lyon. "On écrit une nouvelle page" pour être "une force autonome et "devenir majoritaire".
Le ton est donné en ce jour d'union entre les deux partis. Mais les écologistes restent lucides. Ils savent que le travail ne fait que commencer.
"C'est un jour important parce qu'on ouvre une nouvelle page. Maintenant, il faut l'écrire cette nouvelle page", a souligné Daniel Cohn-Bendit, lors du point presse de la mi-journée. Sans angélisme et reconnaissant qu'il n'avait "pas de boule de cristal" pour savoir si le pari réussirait, l'eurodéputé a affirmé "On est d'accord pour surmonter les problèmes".
"Ce que l'on a fait aujourd'hui ne s'arrêtera pas, ne s'enlisera pas dans les petites phrases" a prévenu l'eurodéputé Dominique Voynet, façon de faire taire les derniers récalcitrants chez les Verts.
Egalement présent sur la photo de famille, José Bové. Préoccupé lui aussi par l'avenir du rassemblement et avec un ton résolument combatif. "Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de répondre aux problèmes concrets. On se rassemble pour apporter des solutions concrètes, programmatiques, mais radicales".
"Cette fusion, "Dany l'a rêvée, nous l'avons réalisée avec l'extraordinaire contribution de Cécile", a lancé de son côté Eva Joly, pressentie pour être la candidate d'EE à la présidentielle. Cette nouvelle organisation "va donner l'élan et la force à nos idées de conversion écologique de la société", a ajouté l'eurodéputée.
Quelques "grincheux"
Les écologistes ne sont pas tous "emballés". C'est le cas de Corinne Lepage, présidente de CPA 21. "En fait c'est un 'relookage' des Verts, ce qui est en train de se passer, c'est une OPA des Verts sur Europe Ecologie. On a une 'gauchisation' du discours qui vient à la gauche du parti socialiste", a commenté cette semaine la députée européenne.
S'engouffrant dans la brèche, Gabriel Cohn-Bendit (ndlr, le frère de Daniel) a pris lui aussi ses distances. "Le rassemblement des écologistes a pour l'instant échoué : pas de relation avec Cap 21 (...), le complexe hégémonique dénoncé face au PS revient au galop", dénonce-t-il dans une tribune publiée mercredi dans Libération.
Une critique qui ne surprend guère l'eurodéputé Jean-Paul Besset, pressenti pour devenir le président du conseil fédéral du nouveau mouvement. "Des grincheux, il y en a toujours. On l'a fait, on y est. Certains ont eu des hauts-le-coeur, d'autres se sont fatigués. Mais qui aurait pu dire, il y a deux ans, qu'on aboutirait à un mouvement unifié à 15% dans les sondages après avoir franchi deux moments électoraux forts, les européennes en 2009 et les régionales en mars" interroge l'eurodéputé samedi dans Libération.
Ambitieux et déterminés, les troupes écologistes se sont bien mis en marche samedi, conscients du chemin à parcourir... d'ici 2012.
Vers une « transformation
écologique et sociale de la société »
L"histoire a démarré lors des universités d"été à Nantes. Après une période de dissensions, les Verts et Europe Ecologie ont décidé de se rassembler. En moins de trois mois, ils ont dessiné les contours de leur union qui doit les porter vers 2012.
« La politique doit être déterminée par celles et ceux qui en sont les militants du quotidien » écrivent dans leur texte statutaire, les écologistes qui défendent l"idée d"une autre politique et ambitionne de changer de modèle.
Un parti réseau...
Respect de la parité, renouvellement des représentants, non-cumul des mandats occupés en même temps et dans le temps, démocratie interne sous la forme d"« une personne égale une voix », diversité des minorités, le rassemblement se veut avant tout participatif.
La transformation ne viendra pas d"en haut mais au contraire du foisonnement des initiatives citoyennes expliquent ses fondateurs à condition qu"elles s"organisent en réseau et s"articulent avec des politiques de terrain, y compris institutionnelles.
... pour changer de modèle
Les écologistes s"appuient sur un double constat : les ressources matérielles et énergétiques de la planète sont limitées et le système de création et de redistribution des richesses ne fonctionne plus.
Refusant d"assister les bras ballants au spectacle d"une nature qui s"épuise et de sociétés qui se désagrègent, ils entendent incarner une nouvelle offre politique en rupture avec les idées dominantes de l"économisme, du scientisme et du consumérisme.
Ils reprochent aux visions traditionnelles de ne pas s"interroger sur la compatibilité des activités humaines avec les limites de la planète. Ils critiquent le "socialisme étatique" définitivement hors jeu par la confrontation au réel et la pratique du pouvoir et s"opposent au capitalisme productiviste, violemment inégalitaire et dangereux pour la planète.
En résumé, les écologistes veulent changer de modèle.
Leur credo, la métamorphose est possible. Leur projet, la mutation écologique de la société.
… et d"horizon
Les militants le reconnaissent. Les chantiers sont immenses.
Faire de l"écologie le nouveau socle de l"économie et de la société implique une mutation radicale des conceptions de la richesse, du travail, de la fiscalité, de la production industrielle et agricole, du commerce, des services, de la consommation, des transports, de l"urbanisme, de l"aménagement du territoire….
Sur le plan théorique, leurs propositions sont structurées. Et le discours, efficace.
Ils opposent aux mécanismes marchands, à la course au profit et aux gaspillages, la régulation par les écosystèmes et les besoins sociaux ; au dogme de la croissance infinie, la décroissance des excès ; au libre échange planétaire, la proximité et les circuits courts ; au travailler toujours plus, la réduction et le partage du temps de travail ; au saupoudrage des minima sociaux, un revenu universel inconditionnel et personnalisé ; à la fuite en avant technologique et nucléaire, la réalisation de solutions concrètes maîtrisables et centralisées ; au règne de l"argent et de l"accumulation, la redistribution et le partage.
Les écologistes misent eux sur l"infini des ressources humaines en s"appuyant sur l"éducation, la culture, la formation, les échanges respectueux.
Le début d"un programme… qui reste à finaliser.
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