Le Grenelle 2 examiné par les députés
Les députés vont se remettre au vert aujourd’hui.
Mais depuis l'adoption à la quasi-unanimité, à l'automne 2008, de ce premier texte, la donne a singulièrement changé: l'“écolo-scepticisme” a sans conteste gagné du terrain dans les rangs de la majorité.
Le spectaculaire abandon de la taxe carbone au lendemain de la déroute de l'UMP aux régionales a marqué les esprits.
Et puis il y a aussi les propos de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture qui ont refroidi l’ambiance. Le président avait lâché :“l'environnement, ça commence à bien faire”.
_ La Fondation Nicolas Hulot, acteur central du processus depuis le premier jour, a claqué la porte. Et le PS, cette fois, a averti: en l'absence de modifications significatives du texte, il votera contre.
L’éolien souffle le vent de la discorde
Symbole de ce recul: les amendements adoptés en commission sur l'encadrement de l'éolien pourraient brider le développement de la filière et compromettre la réalisation de l'objectif ambitieux, inscrit dans la loi, de 23% d'énergie renouvelable en 2020.
Le seuil minimum de 15 MW prévu pour l'installation de tout nouveau parc provoque de vives réactions.
Présentée comme un moyen d'éviter le “mitage” du territoire, cette mesure serait, selon les professionnels du secteur, synonyme
d'abandon pur et simple de dizaines de projets.
_ Le PS a clairement indiqué qu'il entendait se battre pour ce dossier.
“Symboliquement, c'est maintenant l'opposition qui va porter les engagements du Grenelle sur l'éolien contre l'UMP!”, constate, amer, un responsable de la majorité.
_ Seuils de performance énergétique dans les bâtiments neufs ou élaboration de schémas régionaux climat pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre: les débats en séance plénière s'annoncent techniques.
“On est dans des dispositifs très ardus, très ingrats, pas très rock'n'roll à raconter”, résume le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, qui souligne l'importance de cette dernière marche pour faire aboutir ce qu'il qualifie de “monument législatif” sans équivalent sous la Ve République.
_ A l'heure des comptes, tous ceux qui ont participé au Grenelle saluent une méthode qui a marqué et restera: celle d'une véritable concertation à cinq (gouvernement, patronat, syndicats, collectivités territoriales et ONG). Mais divergent sur le bilan.
“La loi Grenelle 2, c'est un moment important de l'histoire de la protection de l'environnement en France”, estime Arnaud Gossement, fondateur du Réseau Droit et Environnement, qui déplore “quelques points noirs” mais souligne “la petite révolution” que constitue la création des trames vertes et bleues pour protéger la diversité du vivant.
_ Greenpeace dresse un bilan beaucoup plus sombre: “Novateur en matière de gouvernance, le processus du Grenelle a finalement accouché d'une souris”.
_ Pour le député des Verts Yves Cochet, l'impulsion initiale a perdu de sa vigueur: “La droite, sans doute sous le pression des lobbies, a beaucoup cédé par rapport aux engagements d'il y a deux ans et demi”.
Mikaël Roparz, avec agences
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