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Le gouvernement enterre la taxe carbone

Après le remaniement, le tri dans les réformes du gouvernement. Estimant que la taxe carbone avait pesé lourd dans la défaite électorale, François Fillon a annoncé mardi matin aux députés UMP réunis à huis-clos, son abandon pur et simple. Le Premier ministre soulignant que si elle devait entrer en vigueur, ce serait au niveau européen, pour "{ne pas plomber la compétitivité}" des entreprises françaises.
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  (Radio France ©REUTERS/Vivek Prakash)

La taxe carbone, une majorité de députés UMP d'emblée ne l'avait pas digérée. Or, la réunion prévue ce matin à l'Assemblée nationale devait être l'occasion de "crever les abcès". Pas question de "casser la maison", avait dit au préalable le patron des députés UMP Jean-François Copé, mais il s'agissait de "revenir aux fondamentaux" : la fin de l'ouverture à gauche, la réforme des retraites, la réduction des déficits et... l'abandon de la taxe carbone.

La taxe carbone, grande perdante des régionales

Cette taxe, baptisée Contribution climat énergie, dans sa nouvelle version, devait entrer en vigueur au 1er juillet, aux dires récents de Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Écologie. Mais sentant le vent tourner, Nicolas Sarkozy, à la veille des régionales, avait temporisé dans un entretien au Figaro magazine, suggérant qu'elle ne serait pas appliquée avant son instauration aux frontières de l'Europe.
_ "Nous n'imposerons pas à nos industriels des contraintes si, dans le même
temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des
règles environnementales à inonder nos marchés", avait expliqué le chef de l'État. Résultat : pas de taxe au 1er juillet, confirme ce midi Jean-François Copé. "Elle sera européenne ou ne sera pas"

Chantal Jouanno "désespérée", le Medef "soulagé"

La voilà donc enterrée, au grand dam de la secrétaire d'État à l'Écologie, Chantal Jouanno, "désespérée de ce recul", "désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme
qui l'emporte". "C'était possible de le faire en France avant de le faire en Europe, a ajouté la secrétaire d'État. C'est
ce qu'on avait prévu à l'origine, c'est ce que d'autres pays comme le Suède ont
fait".
_ La présidente du Medef, Laurence Parisot, au contraire, s'est dit "soulagée".

Dans la majorité, cependant, on joue sur les mots. Plus qu'un "abandon", Jean-François Copé évoque "un report". Pourtant, pour le PS, c'est bien d'un enterrement qu'il s'agit, "sans explication" et sans "autre proposition". Pour la secrétaire nationale du PS à l'environnement Laurence Rossignol, "si l'abandon de la taxe carbone, qui était injuste et inefficace, est une
bonne nouvelle pour les ménages, en revanche le gouvernement vient aussi de
renoncer à toute réorientation de la fiscalité en faveur de l'environnement".

Même tonalité chez les Verts. Ils ne pleureront, préviennent-ils, la taxe carbone. mais regrettent "cet abandon en rase campagne ". "Pour le gouvernement, l'avenir de la planète
s'arrête à 2012". Cécile Duflot déplore le manque de courage politique du gouvernement et de Nicolas Sarkozy.

Et demain "l'abandon du Grenelle ?"

Question posée par les dix principales ONG françaises de défense de l'environnement, dans une lettre ouverte au président de la République. "Vous avez signé le pacte écologique. Vous vous
êtes personnellement engagé à faire de la taxe carbone un des piliers de votre
politique environnementale", écrivent notamment Réseau Action Climat France,
Greenpeace, WWF, ou encore Les amis de la Terre. "Or le Premier ministre vient d'annoncer son abandon. La taxe carbone n'est
plus, et de votre promesse, il ne reste rien. Les associations sont scandalisées
par le mépris qui caractérise cette décision ".
_ Conclusion de cette lettre : "Monsieur le président, l'avenir du climat mérite mieux que tout
opportunisme politique" !

Nicolas Sarkozy pourrait y revenir en personne justement demain, après le premier conseil des ministres de son gouvernement remanié. Le chef de l'État a prévu de prononcer une déclaration pour "fixer ses priorités des mois à venir". Une opération de reconquête qui ne fait manifestement que commencer...

Cécile Quéguiner avec agences

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