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"Le FN a un problème : il n'a pas d'alliés", selon le politologue Pascal Perrineau

Que faut-il retenir du premier tour des régionales ? Le Front national, qui est arrivé en tête dans six régions, parviendra-t-il à confirmer au second tour ? Pour le politologue Pascal Perrineau, spécialiste de sociologie électorale, les chiffres très mauvais du chômage renforce les partis porte-voix des Français en situation difficile.
Article rédigé par franceinfo
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  (Le Front national est arrivé en tête dans six régions, dimanche, lors du premier tour des régionales © MaxPPP)

Le Front national au plus haut

"Le FN est, de manière claire, le parti qui contrôle le plus grand électorat, analyse Pascal Perrineau.* Si on prend les adhérents, ce n'est pas le premier parti. Si on prend les électeurs, c'est le premier parti de France. Le FN fait la course en tête."*

Quid du second tour ? "Le FN a déjà bien mobilisé avant le premier tour. Mais il y a encore une armée de réserve qui peut être libérée par l'effet de victoire du Front national" , estime le politologue. La difficulté pour le parti de Marine Le Pen sera, selon lui, de "montrer sa capacité, en PACA et en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, à arriver en tête face à la coalition des Républicains associés à l'UDI et d'une certaine manière à la gauche". 

Pascal Perrineau : "Le FN a un problème : c'est une puissance solitaire. Il n'a pas d'alliés"

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Les attentats et le chômage au centre des préoccupations

Comment expliquer ces résultats ? "Il y a bien sûr l'effet attentats" , qui a remis la question sécuritaire au cœur du débat, explique Pascal Perrineau. "Pour comprendre les trois points de plus par rapport au score que faisait le FN en mars 2015, il y a forcément l'effet attentats et la projection au premier plan de l'actualité, depuis des semaines, de deux problématiques qui sont liées intimement au Front national : l'insécurité et l'immigration."

Mais les attentats du 13 novembre ne constituent pas le seul facteur de la montée du FN, tempère le politologue : "C'est un mouvement de fond : l a France est en train de profondément changer. Il ne faut pas oublier des chiffres très mauvais du chômage. Tout cela renforce les partis porte-voix des Français en situation difficile. Le Front national, chez les ouvriers et chez les chômeurs, a dépassé la barre des 40% dimanche."

Pascal Perrineau : "La France est en train de profondément changer. Il y a un malaise"

Le Parti socialiste fait (quand même) de la résistance 

La campagne de François Hollande, qui s'est mué en chef de guerre après les attentats de Paris, "n'a pas marché pour endiguer le phénomène du Front national , estime Pascal Perrineau. Elle a en revanche marché pour éviter l'effondrement total du PS, qui arrive à faire de la résistance. Il faut noter qu'il se retrouve à peu près au même niveau qu'en 2010."  

"Cependant, la gauche, elle, s'effondre littéralement. Elle a perdu entre 15 et 20 points par rapport aux régionales de 2010, c'est énorme. Cela prouve que la gauche de la gauche ou la gauche écologiste n'arrive pas à recueillir les fruits de la contestation de la politique économique et sécuritaire mise en œuvre par Manuel Valls et François Hollande", conclut Pascal Perrineau. 

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