Le FN à Brignoles : victoire locale, test national ?
Le Front national a remporté
dimanche l'élection cantonale partielle de Brignoles (Var). Son candidat, Laurent Lopez a recueilli au
second tour 53,9% (5.031 voix) contre 46,1% (4.301 voix) pour son adversaire, l'UMP
Catherine Delzers. La participation était beaucoup plus importante au second
tour (14 points de plus).
"C'est un score sans ambigüité ",
déclaré le nouveau conseiller général, affichant son prochain objectif : "Conquérir
la mairie " de Brignoles. L'UMP Catherine Delzers a doublé la mise de 20%
entre les deux tours, mais cela n'a pas comblé son retard. Elle a estimé que
son adversaire frontiste "surfait sur Marine, pas sur un programme ".
"Cela va être problématique pour
les municipales qu'il va falloir recentrer sur l'enjeu qui est le
territoire ".
Les responsables du front national, eux, n'ont pas la
victoire modeste. Ils n'ont pas caché qu'ils comptaient faire de la "dynamique " créée par la victoire de Brignoles une rampe de lancement pour les municipales de mars 2014. Ils parlent aussi de la "mort du front républicain ".
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Brignoles
Mais la cantonale de Brignoles est un cas à part et ne peut peut-être pas être révélateur d'une situation nationale. Plusieurs ingrédients étaient réunis dans ce canton
pour que le FN l'emporte. C'est une terre varoise bien ancrée à droite dans laquelle
ce poste s'est joué à trois reprises en trois ans, toujours entre le Front
national et le parti communiste. L'UMP et le PS ne sont donc pas du tout
implantés. Et puis, lors de cette élection, la gauche s'est dispersée, avec une candidate
écologiste qui a fait de l'ombre au candidat communiste. La forte abstention du
premier tour (67%) a également profité au FN.
Pour le politologue Alexandre
Dézé, interrogé par les Inrocks , il faut "relativiser " cette
victoire. Il rappelle que le FN "ne compte à ce jour (en plus de ses deux
députés) qu'une soixantaine de conseillers municipaux, deux conseillers
généraux (avec le siège gagné ce week-end à Brignoles), cent-dix conseillers
régionaux (soit à peine 6% de la totalité des sièges), trois députés européens,
aucun sénateur, aucun président de conseil général et aucun président de
conseil régional ". En gros, résume-t-il, "tout
se passe bien dans ses bastions (et le Var où se situe Brignoles en constitue
un), mais c'est plus compliqué ailleurs ".
La gauche perd sa 12e
élection
On peut tirer trois
enseignements de ce scrutin. Premièrement, le Front national progresse, et pas
seulement dans les sondages. A Brignoles, entre les deux tours, le FN a
gagné 2.000 voix. Un chiffre énorme par rapport aux deux précédentes
cantonales partielles : le parti avait totalisé 2.700 voix en tout. Cette
fois il a séduit un peu plus de 5.000 électeurs.
Deuxièmement, l'échec du
front républicain. Cette barrière de la droite et de la gauche pour couper la
route aux extrêmes. Ca ne marche pas. Les partis de gauche avaient appelé à
voter pour la candidate de l'UMP. Une stratégie qui a fonctionné dans les
bureaux les plus à gauche, mais pas suffisamment.
Troisièmement, c'est un camouflet pour la majorité. Brignoles,
c'est la 12e élection partielle perdue par la gauche. Le signe d'un vote
sanction qui se propage et qui menace maintenant les candidats socialistes,
verts et communistes aux prochaines municipales. Le
premier secrétaire du PS Harlem Désir a déploré la victoire du FN, "qui rappelle
à la gauche l'impérieuse nécessité de son rassemblement dans les territoires "
où le parti d'extrême droite est fort.
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