Le désaccord sur le traité budgétaire européen, "une fêlure dans la majorité"
Arithmétiquement, il y a peu de risque que l'appel du conseil fédéral d'EELV conduise au rejet pur et simple du traité budgétaire européen par le Parlement le mois prochain. Car la plupart des députés socialistes, comme l'opposition de droite, entendent voter pour. Mais ces dissensions dans la majorité sont du plus mauvais effet, alors que la popularité de l'exécutif chute dans les sondages. Ce dimanche, plusieurs ténors du PS se sont donc pressés de rappeler leurs alliés écologistes à l'ordre.
Jean-Marc Ayrault, le premier. Dans un entretien à Mediapart , le Premier ministre s'est adressé "à une partie de la gauche " opposée au traité - quelques parlementaires PS, du Front de gauche et d'EELV ont déjà affirmé qu'ils voteraient contre le texte le 2 octobre à l'Assemblée et le 9 au Sénat. "J'appelle à la responsabilité , déclare Jean-Marc Ayrault. Je voudrais que tout le monde dise la vérité sur les conséquences d'un tel refus, c'est-à-dire une crise politique en Europe [...] Ce serait d'une gravité exceptionnelle ". Et d'ajouter doctement à l'adresse des réfractaires : "La politique, ce n'est pas décrire le monde idéal, c'est aussi se confronter au réel ".
"Une fêlure dans la majorité"
Le ton est grave. Comme ce vote, selon le président de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone. "A partir du moment où il y a une fêlure dans la majorité, ce n'est jamais un moment anodin , a-t-il affirmé sur Radio J. Le président, le Premier ministre, ont besoin de la solidarité entière de leur majorité ".
Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a lui lancé "un appel à la raison ". Tout en précisant que la décision du conseil fédéral d'EELV ne remettait pas en cause la présence de ministres écologistes au gouvernement.
Il n'empêche, certains écolos doivent être ce dimanche gênés aux entournures. Daniel Cohn-Bendit ne s'en est pas caché, qualifiant cette décision de "dramatiquement nulle " et annonçant même "suspendre sa participation " au mouvement. Pour lui, rejeter le traité, revient à rejeter le budget, et donc pour les ministres écologistes, à quitter le gouvernement.
Pas question, rétorque Jean-Vincent Placé, le président du groupe EELV au Sénat, qui entend bien voter contre le traité. "Faut-il qu'il faille que je sois absolument solidaire avec le président pour voter le traité préparé par le précédent ", interroge-t-il.
Le criant silence des ministres écolos
Mais qu'en pensent Cécile Duflot et Pascal Canfin ? Devant cette polémique, les ministres du Logement et du développement brillent par leur discrétion. Aucun des deux n'a commenté la décision samedi du conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts.
Il n'empêche, ce désaccord n'a pas échappé à l'opposition. François Bayrou, le président du MoDem, s'en est ému : "A l'intérieur d'une majorité, on ne peut pas être en affrontement frontal sur l'essentiel , a-t-il déclaré. Jean-Louis Borloo, le président de l'UDI, a appelé lui à une "clarification urgente de la majorité sur le vote du traité européen ".
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