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Le 20 heures de vérité de Dominique Strauss-Kahn

Ce sera sans doute la plus forte audience depuis longtemps à la télévision française. Dominique Strauss-Kahn sera au journal de 20 heures ce soir sur TF1, présenté par Claire Chazal. Ce sera la première intervention publique de l'ancien patron du FMI depuis sa spectaculaire arrestation il y a quatre mois à New York et depuis son retour en France il y a 15 jours. Un exercice face caméras sensible étant données les affaires sexuelles dans lesquelles il a été impliqué.
Article rédigé par franceinfo
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Il ne s’était plus exprimé publiquement depuis le 14 mai dernier, jour de son arrestation à l’aéroport de New York pour des faits présumés d’agression sexuelle sur une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de Manhattan. Après que la justice américaine a finalement abandonné, le 23 août, toutes les poursuites pénales à son encontre dans cette affaire, Dominique Strauss-Kahn va enfin pouvoir présenter sa version des faits. Ce sera ce soir dans le JT de TF1. La chaîne française de télévision privée s’attend à un record d’audience.

Mais qu'a-t-il prévu de dire exactement, et jusqu'à quel degré d'intimité ? Va-t-il présenter ses excuses, comme il l’a fait le 29 août dernier lors d’une visite privée à ses anciens collaborateurs du Fonds monétaire international, qu'il a dirigé pendant quatre ans. Et si oui, des excuses à qui et pourquoi ? Dès le début de l’affaire Nafissatou Diallo, du nom de cette femme d'origine guinéenne de 32 ans travaillant dans un grand hôtel de New York et qui accuse l’ex patron du FMI d’avoir tenté de la violer, Dominique Strauss-Kahn a toujours nié avoir commis de tels actes.

Alors, que s’est-il passé dans la suite numéro 2806 ? Dominique Strauss-Kahn livrera-t-il "sa vérité" sur cette affaire, comme le présageait son biographe Michel Taubmann le 23 août dernier, jour où DSK a retrouvé sa liberté ? Une affaire qui n’est pas totalement derrière lui. La femme de chambre a porté plainte au civil pour "agression violente et sadique" et demande aujourd’hui des dommages et intérêts. La procédure est toujours en cours et à New York, les avocats de Nafissatou Diallo regrettent que cette interview soit menée par Claire Chazal "une journaliste amie" de la femme de DSK, Anne Sinclair. Kenneth Thompson et Douglas Wigdor qui mettent en garde contre "un coup monté publicitaire".

Et puis il y a l’autre affaire, en France celle-là. Le dossier Tristane Banon. La journaliste et romancière, elle aussi, accuse DSK d’avoir tenté de la violer. C’était en février 2003 lors d’un entretien professionnel. Une plainte a été déposée à Paris le 6 juillet dernier. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire. DSK, qui a porté plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse, a été entendu par la police lundi dernier. Il aurait admis lors de son audition avoir fait des "avances" à la jeune femme, mais nie toute agression.

Un retour sous les projecteurs diversement apprécié par sa famille politique

Dominique Strauss-Kahn parlera-t-il de lui, de la manière dont il a vécu, avec son épouse et ses enfants, cette "épreuve terrible et injuste", ces quatre mois "de cauchemar", comme il les a qualifiés à sa sortie du tribunal de New York à la fin du mois dernier. Un homme libre mais aujourd'hui un homme "blessé, désolé, malheureux", assure dans les colonnes du Journal du Dimanche ce matin l'élu (PS) parisien Jean-Christophe Cambadélis, qui fut un des lieutenants de DSK. Blessé au point de renoncer à sa carrière politique ? Sur ce point, les avis sont divisés. Déjà interrogés sur la question, ses proches au PS sont restés prudents jusqu'ici, préférant laisser le soin à l’intéressé de faire et d’annoncer ses choix, lui-même. Mais "évidemment, nous l'écouterons avec attention", a indiqué le Premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir au Talk Orange Le Figaro.

A moins d’un mois du vote de la primaire socialiste, l’embarras est palpable à gauche. "Il y a un besoin d'explication -je n'utiliserai pas le mot d'excuses que je trouve un peu péremptoire", estime le député Pierre Moscovici, ex-soutien de DSK désormais rallié à François Hollande. Moins tendre, Arnaud Montebourg, lui, va droit au but. DSK doit présenter "des excuses à toute la gauche pour que nous puissions retrouver une normalité dans ce dossier", a-t-il lancé mercredi soir sur le plateau de France 2 lors du premier débat télévisé entre les six candidats à l’investiture socialiste, jugeant que le "retour en politique" de l'ex-champion de la gauche dans les sondages n'était "pas souhaitable".

Cécile Mimaut, avec agences

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