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La stratégie européenne est "dangereuse, voire suicidaire", estime l'économiste Mathieu Plane

Le mot n'est plus tabou. François Fillon a bien présenté lundi un nouveau plan de "rigueur". Mais pour Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, "quand la croissance ralentit, il faut lever le pied sur la rigueur sinon, on accélère la crise".
Article rédigé par Catherine Rougerie - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy donnent uen conférence de presse lors du G20, à Cannes, le 2 novembre 2011. (AFP - Thomas Coex)

Le mot n'est plus tabou. François Fillon a bien présenté lundi un nouveau plan de "rigueur". Mais pour Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, "quand la croissance ralentit, il faut lever le pied sur la rigueur sinon, on accélère la crise".

Le mot "rigueur" domine les unes de la presse aujourd'hui. Est-on entré dans une nouvelle phase ?

La rigueur n'a pas commencé hier mais avec le projet de loi de finances 2011. Pour le coup, c'est le troisième plan de rigueur annoncé.

Jusqu'a présent, l'effort portait surtout sur la réduction des niches fiscales et l'augmentation de la fiscalité du patrimoine. Même les décisions annoncées en début du mandat, comme le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, n'avaient pas été accélérées après la crise de 2008.

Mais cette fois, le gouvernement a élargi le spectre. Il a ouvert une nouvelle voie en répartissant davantage les efforts entre les hauts revenus, les classes moyennes et les classes populaires avec l''augmentation du taux de la TVA à 7% dans la restauration et le bâtiment et l'accélération de la mise en œuvre de la réforme des retraites.

Le tour de vis budgétaire, annoncé hier, amorce une nouvelle tendance : la recherche des économies du côté des dépenses.

Pourrait-on faire autrement ?

On pourrait aller plus loin sur la fiscalité - augmenter les impôts sur les hauts revenus - et sur la redistribution.

On pourrait aussi ralentir le rythme de la réduction des déficits publics, ce qui exigerait de renégocier avec nos partenaires européens. Mais cette solution ne passe pas très bien sur le plan politique.

Comment analysez-vous la stratégie européenne ?

Elle est extrêmement dangereuse, voire suicidaire. D'accord pour des économies, mais elles doivent être ajustées au scénario de croissance. Quand cette dernière ralentit, il faut lever le pied sur la rigueur sinon, on accélère la crise, ce qui économiquement et socialement pose des problèmes.

Plus on fait de rigueur, moins on a de recettes. On est dans une spirale récessive.

Si tous les pays de la zone euro respectent leurs engagements budgétaires, la contrepartie sera une récession. Or, comment on gère un pays en récession avec un chômage à 9% ? On est au bord du gouffre.

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