Les ministres incités à aller à la rencontre de Français... plutôt sceptiques : "C'est de la com, ça ne servira à rien !"
Une trentaine de membres du gouvernement va sur le terrain, jeudi, pour défendre son action. Ainsi, Laura Flessel et Delphine Gény-Stephann seront à Saint-Michel-sur-Orge. Un déplacement qui ne semble guère attirer les habitants de cette ville de l'Essonne.
Une grande partie du gouvernement se déplace sur le terrain jeudi 17 mai, afin d'expliquer son action, un an après l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Des réunions publiques sont organisées dans 27 départements. Par exemple, en Essonne, à Saint-Michel-sur-Orge, où Delphine Gény-Stephann, secrétaire d'État auprès du ministre de l’Économie, sera aux côtés de Laura Flessel, la ministre des Sports.
Une présence clivante
Sophie, cadre à la Poste, habite à proximité du centre culturel Baschet qui abritera ce soir la réunion politique à Saint-Michel-sur-Orge. Delphine Gény-Stephann ? "Je ne connais pas", répond-elle. Quand on lui cite le deuxième nom au programme, c’est mieux. "Ah ! Laura Flessel, je connais." Lors de la réunion, destinée aussi à faire gagner de la notoriété aux membres du gouvernement méconnus, les deux intervenantes répondront aux questions du public. Sophie estime avoir "suffisamment décrypté l'action du gouvernement". "Les salariés et les classes moyennes sont là pour payer la crise. Et ce sont les plus riches et les plus aisés qui s'en sortent le mieux", lance-t-elle. Cette habitante de Saint-Michel-sur-Orge ne se déplacera pas à la réunion dont elle découvre l'existence, pas plus que son voisin, Gérard. "Macron est têtu !", estime ce cheminot à la retraite.
Ils vont écouter, comme pour la SNCF... et puis pas de discussion, pas de négociation. Je ne veux pas perdre mon temps.
Gérard,
habitant de Saint-Michel-sur-Orgeà franceinfo
Saïd, un ingénieur, qui habite la cité voisine, serait bien venu… s’il avait su. "Je suis abonné au groupe La République en marche, celui de l’Essonne, indique-t-il, mais on n’a pas eu l’information." Lui aussi émet des doutes sur l'intérêt du rendez-vous donné par des membres du gouvernement. "Venir dans un quartier populaire pour nous expliquer ce qu’ils font pour les riches, ça ne nous intéresse pas", juge Saïd.
L'espoir d'un contact avec les Français
Ces réflexions sont en gros décalage avec les espoirs affichés par le député La République en marche de la 10e circonscription de l'Essonne. "Ça permet aux ministres d'avoir la sensation, le feeling du local", indique Pierre-Alain Raphan. L'élu de 35 ans a fait son entrée à l'Assemblée nationale en juin 2017.
C'est toujours agréable pour un citoyen d'avoir accès en direct à un membre du gouvernement pour des questions précises.
Pierre-Alain Raphan, député LREM de l'Essonneà franceinfo
Près de la salle de spectacle, aucune affiche ne prévient les habitants de la réunion. "L'accès à un membre du gouvernement" ne se fera donc pas totalement "en direct". Pour participer à la réunion, il est nécessaire de s'inscrire par courrier électronique auprès de la préfecture. Une méthode qui laisse Gérard pantois. "Ils ont peur qu'il y ait des manifs ?", s'interroge-t-il en souriant. "Je crains que les Français soient triés sur le volet, si vous voyez ce que je veux dire. C'est de la poudre aux yeux", ajoute Sophie."C'est de la com, ça ne servira à rien", tranche Saïd.
À la mi-journée jeudi, une centaine de personnes se seraient inscrites à la réunion, dans cette commune de plus de 20 000 habitants.
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