Démission de François de Rugy : la porte-parole du gouvernement salue "un choix courageux"

Article rédigé par Thomas Baïetto, Vincent Matalon
France Télévisions
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François de Rugy quitte le Conseil des ministres, le 10 juillet 2019 à Paris. (PIERRE VILLARD / SIPA)

Mediapart l'accuse, entre autres, d'avoir organisé des dîners de gala avec de l'argent public lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale.

Ce qu'il faut savoir

François de Rugy a présenté, mardi 16 juillet, sa démission après de multiples révélations de Mediapart"La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d’assumer sereinement et efficacement la mission que m’ont confiée le président de la République et le Premier ministre, écrit-il sur son compte Facebook. Dès lors, j’ai présenté ma démission au Premier ministre ce matin."Je ressens un grand sentiment d’injustice face aux méthodes de Mediapart", a ensuite confié François de Rugy à BFMTV. Il assure avoir "privilégié le sens des responsabilités, pour le président et le gouvernement" en démissionnant.

Le gouvernement salue "un choix courageux". Sibeth N'Diaye, la porte-parole du gouvernement, a estimé sur franceinfo que ce choix "a aussi vocation à protéger le collectif gouvernemental""Nous n'avons pas, au niveau du gouvernement, connaissance de faits délictueux" commis par François de Rugy, a-t-elle assuré.

Une plainte annoncée contre Mediapart. Dans son message, l'ancien ministre annonce au passage avoir déposé plainte en diffamation "face aux contre-vérités de Mediapart"Contacté par franceinfo, son avocat, Pierre-Olivier Sur, a confirmé le dépôt de cette plainte à la mi-journée. De son côté, Mediapart assure n'avoir "fait que son travail et continuera de le faire". "La démission de Monsieur Rugy, qui n'appartient qu'à lui et au gouvernement, montre une chose: l'information a été plus forte que la communication", a réagi le journaliste Fabrice Arfi auprès de l'AFP.

Le site fait de nouvelles révélations. Mediapart affirme qu'en 2013 et 2014, lorsqu'il était député, François de Rugy a utilisé son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) pour payer une partie de ses cotisations à Europe Écologie-Les Verts (EELV). "Il est interdit d'utiliser l'IRFM directement ou indirectement pour concourir à l'organisation d'une campagne électorale. C'est la seule dépense juridiquement interdite", nous expliquait l'ancien déontologue de l'Assemblée nationale, Ferdinand Mélin-Soucramanien, en 2015.

Des investigations lancées. A la suite des révélations de Mediapart, le ministre de la Transition écologique a dit ne vouloir laisser "aucun doute" et s'était engagé "à rembourser chaque euro contesté", notamment concernant les dîners fastueux donnés à l'hôtel de Lassay lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale. Il s'était également dit prêt à soumettre les frais à des "autorités de contrôle" de l'Assemblée nationale. Parallèlement, le Premier ministre avait demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter une "inspection" afin de vérifier que les travaux réalisés dans l'appartement de fonction du ministre se conformaient au "respect des règles".

François de Rugy bénéficiait jusqu'à présent du soutien de l'exécutif. De Belgrade, où il était en visite, Emmanuel Macron avait dit avoir "demandé au Premier ministre d'apporter toute la clarté" sur cette affaire afin de prendre des décisions sur la base "de faits", estimant que "sinon, ça devient la République de la délation". Il a finalement accepté la démission de François de Rugy mercredi. "Il s'agit d'une décision personnelle, [qu'Emmanuel Macron] respecte pour qu'il puisse se défendre pleinement et librement", a expliqué l'Elysée à franceinfo.