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Défaites électorales, démissions en cascade, réorganisation… Que se passe-t-il à La République en marche ?

Le parti d'Emmanuel Macron a présenté un nouvel organigramme lors d'un bureau exécutif houleux, lundi soir. Il tente d'endiguer la crise dans laquelle il s'enfonce depuis plusieurs semaines.

Article rédigé par franceinfo
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Stanislas Guérini, délégué général de La République en marche, debout, devant plusieurs membres du parti, dont Aurore Bergé et Pierre Person, le 24 janvier 2019 lors d'une conférence à Paris. (MICHEL STOUPAK / NURPHOTO / AFP)

Des luttes intestines révélatrices d'une ambiance délétère. La République en marche (LREM) est frappée par une crise sans précédent où se multiplient les rebondissements.

Le dernier en date : Mounir Mahjoubi, député de Paris et ex-secrétaire d'Etat au Numérique, est devenu le nouveau porte-parole du parti de la majorité, a appris le service politique de franceinfo, mardi 22 septembre. LREM n'a cependant pas confirmé l'information. Il remplace à ce poste la députée des Yvelines Aurore Bergé, qui a annoncé sa démission du bureau exécutif lundi, dans la foulée de celles du numéro 2 du parti Pierre Person, et du député de la Vienne Sacha Houlié. Pourquoi tant de remue-ménage ? Voici quelques éléments de réponse.

Des défaites nettes au premier tour de six législatives partielles

Le Haut-Rhin, la Seine-Maritime, le Maine-et-Loire, La Réunion, les Yvelines et le Val-de-Marne... Le premier tour d'élections législatives partielles s'est tenu dimanche dans six circonscriptions, conséquences des municipales et de la nomination d'un nouveau gouvernement en juillet. Le scrutin a tourné à la déroute pour La République en marche : aucun candidat ne s'est qualifié pour le second tour.

Certes, LREM peut se raccrocher à l'autre enseignement du scrutin : en pleine résurgence de l'épidémie de Covid-19, l'abstention a été massive et a atteint jusqu'à 87% dans la 9e circonscription du Val-de-Marne. Mais la déconvenue est importante et laisse un goût amer au parti majoritaire. Car en 2017, quatre candidats LREM s'étaient qualifiés au second tour dans ces circonscriptions. L'une d'elles avait même été conquise par le parti.

"Quand on met les choses bout à bout, on voit que La République en Marche, après la séquence électorale de 2017, a perdu les élections européennes de 2019, certes d'une courte tête, mais c'est le Rassemblement national qui a gagné, décompte le politologue et chercheur au Cevipof Bruno Cautrès, contacté par franceinfo. Ensuite, elle a eu une séquence extrêmement difficile au moment des élections municipales. Inutile de rappeler la très forte désillusion dans la ville de Paris. Puis ces élections législatives partielles, et arrivent des élections sénatoriales qui ne s'annoncent pas très bonnes pour le parti."

Des démissions en cascade

Pour "créer un électrochoc", Pierre Person a démissionné de ses fonctions de délégué général adjoint au sein de LREM. "Nous sommes dans une phase difficile. Le résultat des élections municipales, l'absence du mouvement dans le débat public et le désenchantement de nos militants sont autant de signes de la nécessité d'un sursaut interne plus fort", a indiqué lundi le député de Paris dans Le Monde. 

LREM ne produit plus d'idées

Pierre Person, député de LREM

au Monde

Dans la foulée, il a invité "tous ceux qui veulent bâtir les succès de demain à quitter eux aussi leurs fonctions à la tête du parti pour écrire une nouvelle page". Une décision saluée par le député LREM Sacha Houlié. "La machine ronronnait, et cet électrochoc est salutaire et bienvenu", a-t-il réagi lundi, sur franceinfo

Les étincelles ont provoqué un incendie le soir même. La République en marche s'est déchirée pendant trois heures lors d'un bureau exécutif qui a tourné à la foire d'empoigne. Tandis que le secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique, Cédric O, relativisait les déboires du parti, il a été taclé par Sacha Houlié selon des informations recueillies par le service politique de France Télévisions. "J'espère que tu seras plus convaincant sur la 5G que tu l'as été ce soir", lui a lancé le député de la Vienne. Manigance et jalousie pour les uns, procédés staliniens pour les autres, la réunion a révélé les tensions qui règnent au sein de LREM, raconte Neila Latrous, dans sa chronique sur franceinfo

Si Sacha Houlié a présenté sa démission de cet organe décisionnaire, il lui a été rappelé qu'il n'en était que l'invité et non un membre de droit. Il était chargé des relations avec les acteurs politiques et sociaux. Face à cette crise qui n'en finit plus au sein du mouvement présidentiel, son patron, Stanislas Guerini, a proposé que le renouvellement des membres du bureau exécutif (BurEx), initialement prévu en novembre, soit reporté après les élections régionales, au printemps. "Si tu maintiens ce calendrier reporté, alors je ne resterai pas", a fustigé, selon l'AFP, la députée Aurore Bergé, tenante de l'aile droite de la macronie, selon qui "le BurEx n'a pas la légitimité à mener les combats à venir"

Après quatre heures de réunion, les propositions de Stanislas Guerini ont finalement été adoptées par un vote : 18 pour, un contre, quatre abstentions. Aurore Bergé a alors annoncé qu'elle quittait le porte-parolat du parti. Toutefois, les trois démissionnaires restent tous adhérents du parti présidentiel, membres du groupe parlementaire et "militant[s] parmi les militants", selon les mots de Pierre Person.

Un jeu de chaises musicales en vue des élections régionales... et de 2022

Un binôme a été nommé pour occuper le poste de délégué général adjoint, selon un communiqué envoyé tard dans la soirée de lundi à la presse. Le duo est composé de la députée juppéiste Marie Guévenoux, qui était trésorière, et d'un proche d'Emmanuel Macron, Jean-Marc Borello, issu de la société civile et réputé appartenir à l'aile gauche du parti. "Ils incarnent extrêmement bien ce qu'est LREM, le 'en même temps'", a défendu Stanislas Guerini auprès de l'AFP. 

Par ailleurs, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, et l'ex-porte parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, sont nommés à la tête du "pôle idées". Le député Roland Lescure est chargé de la communication du mouvement. L'ancienne secrétaire d'Etat Brune Poirson s'occupe désormais des relations avec les acteurs internationaux, et l'eurodéputé Stéphane Séjourné des relations avec la société civile.

Le mode de fonctionnement du bureau exécutif est également revu, précise le communiqué de LREM : "Il passera d'un rythme hebdomadaire à un rythme bimensuel et réunira une fois par mois l'ensemble des responsables de la majorité." "L'objectif [est] d'avoir des bureaux exécutifs qui permettent davantage de débats politiques et que ceux-ci puissent vivre au sein des groupes parlementaires et du mouvement", est-il ajouté dans le communiqué, laissant entendre que cela ne fonctionnait pas jusqu'ici.

Avec ce jeu de chaises musicales, Stanislas Guerini parvient donc à repousser le renouvellement total du bureau exécutif au lendemain des élections régionales de mars 2021. Il cherche aussi à mettre le parti sur les rails pour cette prochaine échéance électorale déterminante. "Il y a des endroits où on aura nos propres têtes de liste, d'autres où nous n'en aurons pas", a déclaré au Monde (article payant) Marie Guévenoux, chargée de la préparation du scrutin.

Car LREM réfléchit encore à sa stratégie pour ces élections, tout comme à son identité. "Le parti ne fonctionne pas. Il n'y a plus de débats d'idées. On s'est planté aux municipales et on risque la même chose aux régionales. Or les régionales, c'est le round zéro de la présidentielle", explique un des participants au bureau exécutif, selon les informations recueillies par le service politique de France Télévisions. "On est loin d'être en ordre de bataille pour la présidentielle", a renchéri un autre. Un conseiller ministériel est encore plus direct : "On est en train de tuer En Marche. Mais on en a besoin (...) pour faire la campagne présidentielle."

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