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La réponse de Martine Aubry à Arnaud Montebourg

Après les congratulations de circonstance, Martine Aubry répond aux questions d'Arnaud Montebourg. Dans une longue lettre publiée sur son site, la maire de Lille redit sa volonté de "changer de politique", avant d'en décliner les modalités.
Article rédigé par Francetv 2012
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Mme Aubry a rendu publique sa lettre de réponse au député de Saône-et-Loire, mercredi en fin de soirée. (AFP - Johanna Leguerre)

Après les congratulations de circonstance, Martine Aubry répond aux questions d'Arnaud Montebourg. Dans une longue lettre publiée sur son site, la maire de Lille redit sa volonté de "changer de politique", avant d'en décliner les modalités.

Convaincue qu'"en 2012, "la France ne veut pas seulement une alternance : elle veut une alternative", Martine Aubry aborde successivement les trois sujets relevés par le député de Saône-et-Loire.

Le contrôle politique du système financier

"Tu connais mon engagement à reprendre la main sur la finance", commence Martine Aubry.

"C'est un préalable au nouveau modèle que nous devons bâtir : l'efficacité dans la justice !" ajoute-telle avant de détailler les mesures de son projet, notamment : recapitaliser les banques en faisant entrer l'Etat à leur conseil d'administration et en leur imposant en contrepartie d'une part une stricte limitation des bonus bancaires ; séparer les banques de dépôts et les banques d'investissement, interdire certaines pratiques spéculatives comme les ventes à découvert ; plafonner les frais bancaires ; mieux encadrer le crédit revolving ; créer à l'échelle européenne une taxe sur les transactions financières pour casser la spéculation ; mettre en œuvre une agence de notation publique européenne ; agir pour la suppression des paradis fiscaux ; créer une Banque Publique Européenne et en France même, créer une Banque publique d'investissement sous forme de fonds régionaux.

En revanche, la maire de Lille ne reprend pas à son compte certaines des propositions du chantre de la démondialisation comme "l'introduction des usagers du crédit, avec droit de veto, dans les conseils d'administration des banques" ou l'élaboration d'une "procédure pénale sévère réprimant l'évasion fiscale".

Le protectionnisme européen, social et écologique

Au-delà des slogans : "Europe ouverte, oui ; Europe offerte, non" et des déclarations de principe : "Je suis pour l'égalité dans les échanges commerciaux", Martine Aubry se prononce pour une augmentation des droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale".

En matière de délocalisation, elle est également pour le principe du "délocaliseur payeur", et s'agissant de la réindustrialisation de la France, n'en reste pas à une "politique strictement défensive" prônant "une vraie stratégie de compétitivité-qualité". Elle réaffirme par ailleurs son soutien à "l'économie sociale et solidaire et rappelle les principes qui pourraient, en ce domaine, guider son action.

Mais là encore, elle ne suit pas Arnaud Montebourg sur certaines des ses propositions les plus précises comme des mesures d'expropriation pour "les marques" en cas de "comportements déloyaux aggravés" ou que "les prises de contrôle de nos entreprises à forte valeur technologique par des capitaux extra-européens soient soumises à autorisation publique".

La VIème République

Concernant la modernisation des institutions, l'ancienne première secrétaire du PS est pour "le non-cumul des mandats et des fonctions", "les référendums d'initiative populaire", l'extension aux étrangers du "droit de vote aux élections locales", "le principe d'inéligibilité pour les élus condamnés par la justice pour des faits de corruption", la réduction de "30 % la rémunération du chef de l'Etat comme celle des ministres".

Martine Aubry se prononce enfin sur "le pluralisme des médias" et promet qu'elle imposera "par la loi des règles anti-concentration pour consacrer l'indépendance des rédactions".

En conclusion

Pour finir, Martine Aubry souligne sa proximité idéologique avec Arnaud Montebourg avant de lancer :"Tu peux compter sur moi et j'espère pouvoir compter sur toi. Nos électeurs nous regardent : dimanche, je ne doute pas qu'ils feront le choix d'un vrai changement et d'une gauche forte. Bien amicalement à toi. Martine Aubry".

La balle est désormais dans le camp du député de Saône-et-Loire.

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