La réforme des retraites : une "régression sociale" pour... Benoist Apparu
Benoist Apparu serait-il fatigué d'être au gouvernement ? La question pourrait se poser à l'écoute des propos que le secrétaire d'Etat au Logement a tenu sur France 24. Interrogé, comme tous ses collègues ministres, sur la réforme des retraites, il a sans doute quelque-peu péché par franchise : “Pour beaucoup de syndicats, et je les comprends, c'est une forme de régression sociale. Oui, bien sûr, clairement”.
Le premier surpris du propos a été le journaliste en face de lui, plus habitué à se voir opposer les “éléments de langage”, nouveau nom de la “langue de bois”, que les membres du gouvernement ont l'habitude d'ingérer et de resservir en épaisses tartines. Suspendu à ce rare petit moment de vérité, il a donc prié le secrétaire d'Etat de confirmer son propos : s'agit-il bien d'une “régression sociale” ? Et l'intéressé de confirmer : “Evidemment. Comment pourrait-il en être autrement ?”, assume-t-il. “Quand vous dites à quelqu'un: Vous allez cesser de travailler non pas à 60 ans mais à 62 ans, c'est un recul par rapport à un acquis social”.
_ Il se lance alors dans l'explication du fond de sa pensée. Il estime ce recul “nécessaire”. Selon lui, les dettes sont trop lourdes et l'espérance de vie plus longue. Il est donc “juste” de remonter à 62 ans.
A cette vérité toute nue sur la position du gouvernement, les ministres préféraient jusqu'à présent une version plus drapée, sans parler de régression sociale. Alors qu'est-il arrivé à Benoist Apparu ? En ces temps de remaniement ministériel, cette franchise peut lui coûter son secrétariat d'Etat, ou le propulser vers les étages supérieurs. Tout dépendra de l'appréciation qu'en aura l'Elysée. Histoire de ne pas paraître trop iconoclaste par rapport à la ligne du parti de la majorité, le secrétaire d'Etat n'a toutefois pas totalement oublié ses “éléments de langage”, en estimant, comme le claironne le chœur de l'UMP, que la grève contre la réforme coûte probablement “plusieurs centaines de millions d'euros par jour”.
Grégoire Lecalot, avec agences
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